Les milliardaires et la démocratie : Une responsabilité importante échoit à ces hommes et à ces femmes dont le patrimoine dépasse l’entendement.

Le Monde   04/03/2014 par Jean-Baptiste Jacquin
 Les milliardaires de Forbes, un défi démocratique
Les milliardaires sont de plus en plus nombreux et de plus en plus riches. Pour la 27e édition de son classement annuel, le magazine américain Forbes a recensé 1 645 milliardaires en dollars dans le monde (+ 15 % en un an) qui détiennent globalement une fortune de 6 400 milliards (+ 19 %).
Des niveaux record qui révèlent un emballement à un rythme très supérieur à celui de l’économie mondiale. On peut se réjouir de cette « démocratisation » du phénomène.
Cela fait bien longtemps que le gotha des milliardaires n’est plus réservé aux vieilles familles européennes ou aux industriels américains. Les pays émergents et les nouvelles technologies ont permis à des entrepreneurs de bâtir des fortunes considérables en quelques décennies. Parfois, en quelques années.
La liste publiée, lundi 3 mars, par Forbes comprend des nouveaux venus de pays que l’on n’attendait pas. L’Algérie a désormais un représentant dans cet univers hors norme avec Issad Rebrab. Le patron fondateur de Cevital (agroalimentaire) surgit avec une fortune estimée à 3,2 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros). La Tanzanie compte également son milliardaire, Rostam Azizi (télécoms).
La France aussi
Le nombre de milliardaires africains a bondi des deux tiers en un an. Mais la Silicon Valley et l’Asie restent les principaux moteurs de cette machine à fabriquer des ultrariches.
La France aussi compte des nouveaux venus, certes loin des Liliane Bettencourt et autres Bernard Arnault.
Patrick Drahi sort ainsi de nulle part (6,3 milliards de dollars), grâce à la mise en Bourse de Numericable et d’Altice (télécoms). Les frères Jean et Laurent Burelle (1,1 milliard chacun) récoltent eux les fruits des succès de l’équipementier automobile Plastic Omnium.
aBill-Gates-jurvetson-CC-BY-2_0-263x300Paradoxalement, c’est le fondateur de Microsoft, pourtant dans une passe délicate, qui retrouve la première marche du podium mondial avec 76 milliards de dollars. Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a vu sa fortune quasiment doubler en un an, mais reste loin derrière. A 29 ans, il possède 28,5 milliards.
Cette moisson exceptionnelle ne peut que raviver le débat sur le partage des richesses. Même jusqu’aux pentes enneigées de Davos, où se tenait en janvier le Forum économique mondial, on s’inquiète du risque que font peser sur la stabilité mondiale les écarts croissants de richesse.
Une responsabilité importante échoit à ces hommes et à ces femmes dont le patrimoine dépasse l’entendement. Ils ont beau n’avoir été élus par personne, leur influence sur les événements est considérable. Sans compter, bien sûr, leur rôle à l’égard de leurs salariés, de leurs clients, des salariés de leurs clients, du fisc, etc.
Cette responsabilité dépasse leurs éventuelles actions de charité. Mais, s’en remettre à leur seule bonne volonté est sans doute un abandon démocratique.
jacquin@lemonde.fr

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
Cet article, publié dans Débats Idées Points de vue, Démocratie, Economie, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.