Le Monde 13/03/2014
En prélude au concile Vatican II (1962-1965), vaste mouvement d’aggiornamento censé dessiller l’Eglise et la faire entrer dans la « modernité », le pape de l’époque, Jean XXIII, avait lancé : « Ouvrons la fenêtre et laissons entrer l’air frais ».
Elu il y a tout juste un an au trône de Pierre, François a, de l’avis quasi général, répondu positivement à cette exhortation. Premier souverain pontife latino-américain de l’histoire, il a réussi, par son style atypique, à faire souffler un vent nouveau sur une institution bimillénaire accusée d’être trop sclérosée. Et, plus encore, à séduire les foules, bien au-delà des fidèles catholiques.
A telle enseigne que certains s’interrogent : qui est vraiment Jorge Bergoglio ? Afin de mieux saisir les contours de sa personnalité, explique le Washington Post, il convient d’observer de près la communauté des jésuites, dont il est issu.
Passion pour la justice sociale, zèle missionnaire, préférence pour le travail collaboratif à l’action péremptoire : autant de traits qui se confondent avec la doxa de la Compagnie de Jésus. Entre libéraux et conservateurs, une sourde guerre fait rage, chaque camp s’efforçant de voir dans la geste de l’évêque de Rome des signaux en sa faveur.
En privilégiant une « troisième voie », ce dernier s’est attiré des critiques de part et d’autre,. Depuis douze mois qu’il exerce le ministère pétrinien, François a-t-il fait radicalement bouger les lignes ?. USA Today s’en défend, arguant qu’en matière doctrinale, les règles n’ont pas évolué. Le changement, en réalité, tient davantage de la forme que du fond.
S’il a « revitalisé » l’Eglise, il ne saurait être un thaumaturge et guérir à lui seul tous ses maux. Slate en est également convaincu : « Aucun pape ne possède ce genre de pouvoir ».
Et de rappeler que le tout premier pape de l’histoire, Pierre, était « un homme à la faiblesse légendaire, reniant par trois fois le Seigneur avant le chant du coq… «
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Frédéric Baylot
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