Espagne : Vers une démocratie franquiste

Siné Mensuel – Mars 2014 – Jean-Jacques Rue
Le gouvernement Rajoy n’en a pas encore fini avec les lois liberticides : un arsenal juridique va être mis en place pour réprimer toute opposition citoyenne.
Les régimes autoritaires ont toujours brillé dans le novlangue sirupeux pour faire passer les pires saloperies. Du « Arbeit macht frei » nazi apposé à l’entrée des camps d’extermination à la « pacification » des empires coloniaux synonymes de massacres de masse, les exemples sont  nombreux. Dans l’Espagne du conservateur, Mariano Rajoy, les lois scélérates se succèdent pour écraser toute tentative de contestation, la dernière en date répondant au doux nom de « loi sur la sécurité citoyenne », un nom très rassurant et très mensonger.
6 000 manifestations populaires en 2013 dans tout le pays !
Il faut dire que ce gouvernement qui saccage les services publics qu’il privatise, qui réduit les retraites et les droits au chômage d’une population toujours plus précarisée, qui jette à la rue des familles victimes de la spéculation, qui éteint tous les espoirs d’une presse étudiante, doit faire face depuis de nombreux mois à des révoltes populaires sans précédent. Le pays a comptabilisé pas moins de 6 000 manifestations en 2013 ! Alors, késako la loi sur la sécurité citoyenne  ?
Présentée le 29 novembre 2013 par le ministre de l’Intérieur Jorge Fernandez Diaz, elle devrait être validée prochainement par l’Assemblée acquise au Parti populaire. Elle constitue un arsenal qui conduit, par une série d’amendes ubuesques, à museler toute expression contestataire. Une loi certes qui n’est que le renforcement (il ne s’agirait pas non plus de dédouaner totalement les socialistes) d’une loi de 1992 du gouvernement de Félipe Gonzalez. A ceci près que la nouvelle loi pousse le bouchon un peu loin. Quelques exemples : vous vous regroupez sur un réseau social autour de symboles hostiles au gouvernement, paf, 30 000 € d’amende. Vous entravez l’action de la police (par exemple en faisant comme les indignés des sit in pacifiques), paf, 30 000€. Et pour les journalistes qui témoignent de ce qui se passe dans les rues, s’ils filment l’action de la police, paf, 30 000 €. Il est même prévu des infractions très graves passibles d’amendes de 600 00€, comme perturber un évènement sportif ou religieux (on conseille vivement à l’entarteur Noël Godin ou aux Femen de ne pas franchir les Pyrénées)…
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Tout cela pourrait paraître risible tant Mariono Rajoy a rendu son peuple insolvable. A ceci près que ça s’ajoute à l’incroyable recul depuis décembre sur la question de l’avortement, celui-ci n’étant désormais légal qu’en cas de viol, de menace grave physique ou psychologique attestée par un médecin. L’Espagne de Rajoy, non contente d’être, économiquement, une copie de la Grèce, flirte de plus en plus avec les années Franco en matière de démocratie. Mais face au pouvoir, la contestation ne faiblit pas. Et les manifestations de plus en plus violemment réprimées se multiplient. Comme ce pompier madrilène arrêté et molesté par la police alors qu’il tentait d’éteindre une voiture en feu. un incident qui a mobilisé tous les pompiers d’Espagne. Contournant la loi, de nouvelles formes de contestation se créent, les espagnols ayant développé la pratique du escrache, qui consiste à choper devant chez eux les policiers pour les interpeller pacifiquement, une technique particulièrement utilisée par les collectifs anti-expulsions. Les parlementaires du Parti populaire de Rajoy, ne manquant pas d’air, ont crié, eux, au nazisme….

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