La Nouvelle République 28/03/2014
Leurs fromages responsables de plusieurs cas de méningites
Deux agriculteurs de Charentilly comparaissaient pour avoir commercialisé des produits laitiers contaminés à la listeria et engendré des maladies graves.
Le fromage de chèvre et de vache de cette exploitation de Charentilly a toujours été réputé. Pourtant, hier, au tribunal correctionnel de Tours, les deux frères qui en étaient à la tête devaient comparaître pour des faits douloureux datant de 2009.
Tout commence au mois de mai, lorsqu’à quelques jours d’intervalle, deux clientes amatrices de ces fromages de chèvre et de vache, vendus à Saint-Cyr, Semblançay et Charentilly, ressentent les symptômes d’une grippe. Rapidement, leur état se dégrade et elles doivent être transportées aux urgences. On leur diagnostique une listeriose méningite.
Les deux femmes ayant consommé les mêmes produits laitiers issus d’un même Gaec (Groupement agricole d’exploitation en commun), l’exploitation de Charentilly est rapidement mise en cause par les services vétérinaires. Leur rapport est formel : de la listeria – qualifiée de « bombe bactériologique » par un expert du laboratoire de Touraine – est retrouvée dans du fromage issu du lait de la vache numérotée 1052, qui souffrait d’une mammite après un vêlage avorté.
Avortement dont les éleveurs n’avaient pas fait mention dans le carnet sanitaire, reconnaissant que « les papiers, c’est pas notre fort ». D’autres manquements apparaissent rapidement : les agriculteurs vendaient des œufs et de la viande sans y être habilités. Un arrêté de fermeture de l’exploitation est pris par les services sanitaires alors qu’un troisième cas de méningite est déclaré en juillet 2009.
« Vous étiez préoccupés par le sort de l’exploitation et pas par celui des victimes », lance la présidente aux deux frères. « Nos produits avaient bonne réputation, je les faisais pour faire plaisir aux gens, comme dans un restaurant », rétorque l’un d’eux. Le procureur leur reproche « un non-respect délibéré des règles d’hygiène ».
Il requiert à leur encontre quatre mois de prison avec sursis et une amende de 5.000 € pour le Gaec, en cours de fermeture. L’avocate des prévenus indique qu’ils n’ont jamais fui leurs responsabilités et qu’ils étaient « présents sur les marchés pour informer les clients et leur dire de ramener les produits ». Délibéré rendu le 19 mai.