La nouvelle République 05/05/2014
C’est une merveille d’inventivité : cette petite locomobile, créée il y a plus de cent ans par un Parthenaisien, est toujours en état de marche.
Il n’y en a que deux dans le monde. Celle-ci est estimée à 11.700 euros. Didier Sécher, brocanteur depuis plus de 25 ans, mesure la chance qu’il a de proposer cette petite locomobile aux enchères, dans sa boutique de Secondigny.
Cette jolie pièce a été créée en 1910, par un fondu de fonderie : Maurice Chatry, un ancien Parthenaisien. 3.500 heures de travail ont été nécessaires. « Il travaillait dans les moissonneuses-batteuses, mais sa passion, c’était ça : créer des locomobiles miniatures. »
La pièce jumelle partie aux États-Unis
Il en a fabriqué seulement une autre, qui a été vendue entre 1995 et 2000, « pour 100.000 francs. Elle est partie aux États-Unis ». Didier Sécher couve la locomobile des yeux, comme s’il avait peur de la voir partir, elle aussi. « J’avoue, j’ai bien pensé l’acheter, mais c’est un budget. J’aimerais qu’elle reste en France, c’est honteux de voir partir des choses comme ça. Ça fait partie de notre patrimoine, ça rappelle la vie de labeur d’autrefois. »
Encore en état de marche
Plusieurs musées l’auraient contacté pour obtenir cette pièce, dont celui de Parthenay. « Mais ils n’ont plus de sous ! C’est vraiment dommage que l’État ne verse pas davantage de subventions pour leur permettre d’acquérir de tels objets, regrette Didier. Dans quelques années, nos petits-enfants nous demanderons ce qu’est une locomobile. Et on ne pourra même plus leur montrer ! »
D’autant plus qu’elle est encore en état de marche. « On peut voir les siffleurs, ici le chargeur à bois, et là celui à eau : tout fonctionne ! Quand elle est en marche, elle crache de la vapeur. »
Jeudi 1er avril, près de 250 personnes se sont pressées dans la petite brocante de Didier Sécher, pour assister à la mise aux enchères. Pourtant, la locomobile n’a pas trouvé preneur. « Les gens n’ont plus d’argent. » Elle sera remise en vente lors des prochaines enchères, le 14 juin. D’ici là, elle retournera chez son propriétaire, le fils du créateur, qui, s’il parvient à vendre sa locomobile, a prévu de donner la recette à ses petits-enfants.
nr.parthenay@nrco.fr
Pauline Jahan
autre locomobile à vapeur vers 1930