Michel Rocard – Après Juppé, Rocard s’agace contre les «anti-européens»

Libération 22 /05/2014
Michel Rocard  L’ancien Premier ministre a appelé, à trois jours du scrutin européen, à voter Martin Schulz, «un Allemand hostile à l’austérité».
L’ancien Premier ministre socialiste, Michel Rocard, a exprimé jeudi sa colère contre les «anti-européens» et autres «destructeurs de l’Europe», trois jours avant le scrutin, et défend l’euro tout en appelant à voter Martin Schulz, «un Allemand hostile à l’austérité». «Ne tuez pas ce qui nous reste d’identité, car l’euro est un élément essentiel de l’identité de l’Europe, qui en a si peu», s’exclame l’ancien Premier ministre dans une déclaration écrite, dont l’AFP a obtenu une copie.
Document – L’anti-Copé /Sur le même sujet Juppé : «On ne vote pas pour ou contre le gouvernement français» aux européennes
 «Tuer l’euro, tuer l’Europe, c’est rejeter l’admirable et stupéfiante conclusion pacifique d’un millénaire de guerres», poursuit Michel Rocard selon lequel «la grande bataille, celle du XXIe siècle», doit être «celle de la monnaie au service de la croissance».
Il trouve «sidérant et tragique, presque drôle» que «Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, fascistes et communistes, alliés pour protéger l’impérialisme du dollar en combattant la seule alternative possible à sa domination, une alliance bien gérée entre le dollar, l’euro et le yuan chinois. Pour cela, on a besoin d’un euro puissant parce que largement répandu».
«Pour peser dans ce monde, brutal puisque humain, il n’est que deux conditions. Un, la taille, nous l’avons. Deux, la capacité de décision», poursuit Michel Rocard. «Or, l’Europe n’est pas commandée (…) Pis, elle donne l’impression de ne pas le souhaiter et en tout cas, elle ne le peut pas. Elle s’est donnée des règles qui lui interdisent d’être commandée», analyse l’ancien Premier ministre, faisant allusion à la règle de l’unanimité entre les Etats de l’Union qui prévaut dans de nombreux domaines de décision.
Le «malentendu» britannique 
Et pour lui, «le départ de la Grande-Bretagne est la condition permissive à la reconstruction d’une Europe qui puisse et sache décider». «Pourquoi les pro-européens n’ont-ils jamais osé le dire? C’est l’une des hontes de cette campagne», estime-t-il, ajoutant même que la Grande-Bretagne «est membre de l’Union européenne par malentendu».
«Si dans les décennies qui viennent, nous ne construisons pas une Europe qui décide et dans tous les champs du politique, nul ne sait où l’on va», avertit-il encore.
«Français ou autre», conclut l’ancien Premier ministre, «voteriez-vous socialiste malgré les manques et les insuffisances évidents ? Vous avez une chance de mettre à la tête de l’Europe un Allemand hostile à l’austérité. Voilà qui changerait beaucoup sinon tout».
La lettre de Michel Rocard

A propos kozett

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