Ukraine – La présidentielle : un premier pas

 LE MONDE | 22.05.2014
Edito du « Monde ». Deux scrutins ont lieu dimanche 25 mai. Leur enjeu est décisif. D’une part, les citoyens de l’Union européenne désigneront un nouveau Parlement. De l’autre, les Ukrainiens choisiront un président, après la destitution de Viktor Ianoukovitch, fin février. Pourtant, les peuples concernés ne semblent ni enthousiastes ni mobilisés.

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Des ouvriers participent à un rassemblement pacifique à l’appel du milliardaire Rinat Akhmetov à Marioupol le 20 mai. | AFP/DIMITAR DILKOFF
Le point commun ? L’UE a un problème d’adhésion des peuples à son projet. L’Ukraine est confrontée à une dramatique absence de légitimité démocratique. En trois mois, l’Etat ukrainien s’est volatilisé. La fin de la mainmise du clan Ianoukovitch sur l’appareil d’Etat et les richesses du pays, au prix d’une corruption inouïe, a provoqué un vide vertigineux.
L’intégrité territoriale a été atteinte, après l’annexion de la Crimée par Moscou. Le sort de l’est du pays demeure en suspens. Les nouvelles autorités ne contrôlent réellement – et encore ! – qu’un seul ministère, celui de la parole. Leur incapacité à rétablir l’ordre, à mener la fameuse « opération antiterroriste » dans l’Est, à répondre aux infiltrations russes et au séparatisme local ne pourra être corrigée par la simple grâce d’un scrutin.
Mais ne nous y trompons pas. L’élection présidentielle est une première étape cruciale. Moscou, Washington et Bruxelles ont les yeux rivés sur cette échéance, dont le grand favori, Petro Porochenko, a de nombreux partisans dans les chancelleries. Son expérience, sa modération, son profil pro-européen en font une figure rassurante en ces temps de troubles. L’ancienne première ministre Ioulia Timochenko, considérée comme non fiable et dépassée, provoque un fort rejet dans la population, selon les sondages.
Dès lors, le favori cherche à arracher une victoire dès le premier tour, afin, assure-t-il, de se présenter plus fort devant le Kremlin, pour négocier en trois mois une résolution de la crise. A supposer que Moscou accepte de reconnaître sa légitimité.
La façon dont le scrutin se tiendra à l’est sera un test majeur. Kiev veut absolument que soient ouverts une petite partie des bureaux de vote dans les régions de Louhansk et de Donetsk. Il s’agit d’assurer qu’elles ont participé à l’élection, que leur destin s’inscrit toujours dans l’Ukraine – malgré la parodie du référendum du 11 mai sur une « République populaire de Donetsk ».
Mais la menace de violences reste forte. Nul ne semble réellement contrôler les centaines d’hommes armés qui se trouvent dans la région. Ni Moscou, qui ne lèvera pas le petit doigt, ni Kiev, impuissante, ni l’oligarque Rinat Akhmetov, même si celui-ci paraît désormais décidé à ramener l’ordre sur ses terres de Donetsk.
Après la présidentielle, l’équation ukrainienne restera donc terriblement complexe. Mais il y aura au moins un premier interlocuteur incontestable, en attendant la tenue indispensable d’élections législatives.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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