Grand Marché Transatlantique : la côte de porc US à l’acide lactique pour régaler l’UE

Le Canard Enchaîné -28 mai 2014 – Conflit de Canard 
Interrogée par  » Le Canard », la Commission européenne le jure : ni le poulet à la javel, ni le bœuf aux hormones n’ont été inscrits au menu des pourparlers du fameux traité de commerce transatlantique entre l’Europe et les États-Unis. Si, pour les hormones, la chose est bien stipulée sur le site de la Commission, pour la volaille, on est priés de la croire sur parole. Voilà qui sent le rétropédalage à plein bec ! Le poulet chloré était devenu le goûteux symbole des renoncements annoncés de l’Europe en matière de normes sanitaires : pffuit ! Le voilà envolé ! Mais, comme les négociations doivent durer encore deux ans, les lobbys américains de la volaille comptent bien faire bouger les lignes…
accords-de-libre-echange_quest-ce-que-cest-et-pour-quoi-faireIl n’y a pas que le poulet sans la vie ! Voyez le cochon. Il y a de fortes chances que débarque bientôt dans notre assiette la côte de porc à l’acide lactique. En effet, le Conseil national des producteurs de porcs américains entend bien profiter du traité transatlantique pour imposer à l’Europe la décontamination des carcasses de cochon à coup d’acide lactique, la version synthétique d’une substance secrétée par le muscle quand il manque d’oxygène. pourquoi se gêner, puisque l’UE a déjà accepté, en février 2013, d’autoriser cette éponge magique sur la viande bovine ?
imgscan-contrepoints-2013595-Europe-Etats-Unis-929x1024On peut aussi s’attendre à ce que le Conseil des producteurs de porcs américains, appuyé par la très puissante Association nord-américaine de la viande, ne lâche pas non plus le morceau sur  la ractopamine. Ce médicament contre l’asthme, recyclé en accélérateur de croissance, est interdit dans 160 pays, mais il est autorisé dans la gamelle du bétail aux États-Unis et au Canada. Les industriels américains de la viande ont déjà averti qu’ils n’accepteraient pas « un autre résultat que la levée de l’interdiction européenne » Hasard, sans doute, le 5 juillet dernier, le Codex alimentarus, les tables de la loi du commerce mondial, a discrètement fixé pour la première fois une LMR à la ractopamine; en clair, un seuil de résidus acceptables. Un vote adopté à deux voix près, sur la base de six études, dont la moitié fournie par… les fabricants de ractopamine !
Et tant pis si l’Efsa, l’agence européenne de sécurité des aliments, a pointé le manque de données pour évaluer les risques sur l’homme. Comme le dit  la Commission, le but du traité transatlantique, n’est pas de réaliser des bénéfices au détriment de la santé de nos consommateurs. Qui oserait en douter ?

A propos werdna01

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