Le Monde 09/06/2014
Par le passé, la Thaïlande était connue sous le nom de « pays du sourire ». Un sourire qui, aujourd’hui, semble s’être « inversé » pour se muer en sinistrose collective.
L’armée, responsable du coup d’Etat du 22 mai contre le gouvernement élu de Yingluck Shinawatra, a cependant trouvé la parade. Déterminés à tirer la population de sa neurasthénie après de longs mois de turpitudes politiques, sans doute liées à une querelle sur la future succession du roi Bhumibol, les militaires ont lancé une vaste opération de relations publiques.
Repas gratuits, concerts, soldates accortes en tenue de camouflage qui incitent le public à danser et à chanter : tout est fait pour encourager les citoyens à retrouver leur jovialité.
Mais le bonheur peut-il se décréter ? Pour The Economist, cette manœuvre, qui trouve un certain écho auprès des élites, est surtout un paravent destiné à masquer une politique répressive. En témoigne l’arrestation récente de Sombat Boonngamanong, l’une des figures de proue de l’opposition au pronunciamiento du 22 mai .
Tout en cherchant à développer des médias sociaux qui lui soient favorables (la dissidence sur Facebook a atteint un apex), la junte multiplie les menaces à l’encontre des antiroyalistes. L’intolérance grandit à un point tel que certains fuient à l’étranger, y compris vers des pays plus « autoritaires » comme le Cambodge.
Les critiques des Occidentaux attirent aussi des réactions peu amènes, et parfois xénophobes – ce qui, du point de vue du Bangkok Post, est contre-productif. La clé de l’apaisement ? Selon le Pattaya Mail, elle passe par la mise en place de réformes politiques et économiques. Mais, conclut The Nation, l’armée doit surtout faire montre de responsabilité. Et prouver qu’elle est hermétique à la corruption.
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Frédéric Baylot
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