BCE: la prime aux Banksters

Bakchich infos – 10 juin 2014 –
Le 5 juin, pendant qu’elle bénéficiait de la mobilisation générale autour de l’anniversaire du débarquement en Normandie, BNP PARIBAS et ses copines européennes passaient aussi à la caisse à Francfort…
Le vaste mouvement de soutien de l’Etat à la BNP PARIBAS promise aux outrances de la justice américaine, nous aurait presque fait oublier celui inédit quoique plus discret que les cardinaux de la BCE réunis en conclave à Francfort le même jour, ont décidé de prodiguer à l’ensemble des banques européennes.
banksters-do-this-for-a-livingCocasse, la situation l’est indiscutablement : voir les dirigeants de la BCE avec l’assentiment des états qui applaudissent à tout rompre – y compris outre-Rhin – décréter que les principaux responsables de l’hécatombe économique qui sévit sur le vieux continent depuis 2008 sont les seuls capables d’y apporter remède est déjà historiquement troublant. Les doter qui plus est, de moyens financiers directs et indirects colossaux qui feraient pâlir d’envie leurs victimes qui voient leurs carnets de commandes se réduire de jour en jour par leur faute, a quelque chose d’inconvenant.
Déflation, je t’aime moi non plus
Car au delà des envolées incantatoires du chef de l’état sur le retour de la croissance, les indices PMI (Purchasing Manager’s Indexes) de Markit confirment, sur les 4 secteurs où ils sont calculés (industrie manufacturière, construction, commerce de détail et services) que l’hexagone demeure bel et bien sinistré. Le 5 juin par exemple (décidemment !) Markit constatait dans le commerce de détail que « les ventes ont augmenté de manière marginale en mai mais demeurent inférieure au niveau d’il y a un an ». La veille 4 juin, le même relevait « une première baisse de l’activité depuis 3 mois en mai dans le secteur des services ». Une sinistre nouvelle suivant de peu celle du 2 juin du même auteur sur l’industrie manufacturière selon laquelle « ..une baisse des nouvelles commandes entraîne un repli de l’indice PMI en Mai. le volume des nouvelles commandes diminue pour la première fois depuis 3 mois»…Et l’on vous fait grâce des compliments dressés par Markit au secteur hexagonal de la construction, ils font froid dans le dos…Reste évidemment « l’effet Coupe du monde de football » ; on a les miracles qu’on mérite…
Bref, nous serions au bord du précipice de la déflation, le sujet économique le plus à la mode. Et c’est la BCE qui est chargée d’empêcher que l’Union ne se jette dans le précipice. 
On préfère bien entendu maintenir les masses dans l’ignorance des   inconvénients les plus fâcheux de la déflation et notamment du premier d’entre-eux à savoir qu’elle rend la vie impossible aux malheureux débiteurs – lisez les États endettés jusqu’aux yeux – qui ne parviennent plus dans de telles circonstances à rembourser leurs obligations en monnaie de singe.
Lorsqu’on pousse dans leurs retranchement les « experts » en déflation, la seule explication qu’ils trouvent à la baisse de la consommation des ménages et des entreprises en période de baisse des prix en spirale est qu’ils se restreindraient dans l’attente d’obtenir des prix encore plus bas…Un peu court tout de même.
Donc, comme tout ce qui a été tenté depuis 2008 pour remettre l’économie sur les rails au niveau des états a lamentablement échoué, ne subsistait plus que la possibilité de consentir aux banksters des gâteries inédites. C’est chose faite depuis le 5 juin. Des mesures historiques qui confirment s’il en était encore besoin que la finance n’est plus l’ennemie décriée ; jugez plutôt.
Lire: L’Europe aussi soutient ses banksters
Une nouvelle baisse – mais jusqu’où s’arrêteront-ils disait l’autre – du taux directeur de la banque centrale européenne qui passe à 0,15% avec un taux de dépannage en cas d’urgence se situant maintenant à 0,40%.
400 milliards d’euros de cadeau
 Mais c’est pas fini comme dit la pub un peu chiante de l’opérateur téléphonique : une nouvelle enveloppe dodue de 400 milliards d’euros destinée à ce qu’enfin, les banques européennes se décident à faire leur devoir de prêteur. Des fonds qu’elles pourront emprunter à échéance de 4 ans au taux archi-cadeau de 0,10% au dessus du taux directeur de la BCE.
 Au train où vont les choses, ce sera bientôt à 0,10% un point c’est tout. Chacune d’elles pourra aller piocher dans cette manne providentielle à hauteur de 7% de ses encours, à l’exception des prêts hypothécaires, faut pas abuser quand même… Au cas où elles ne trouveraient pas preneurs auprès de leurs clients qu’elles continueraient éventuellement à tenter de tondre au prix fort, les banques devront les restituer dans deux ans maximum.
Trois bonnes nouvelles ne venant jamais seules, de mars 2015 à juin 2016, elles pourront en plus emprunter à taux-canon auprès de la BCE jusqu’à trois fois le montant des prêts nets consentis à leurs clients, au dessus d’un seuil qui sera fixé par la banque centrale…
Et puis il fallait bien donner un os à ronger aux commentateurs : alors la BCE s’est aventurée – c’est dire si elle a épuisé toutes ses munitions de calibre usuel sans résultat notable – sur le territoire vierge du taux de rémunération négative des fonds que les banques considèrent comme plus sûr de déposer à la Banque Centrale que de prêter à des emprunteurs insolvables.
5 juin, jour de la fête des banques
C’est le fameux taux négatif de 0,1% qu’elles devront payer dorénavant faute d’accomplir la mission qu’on leur a confié. En plus, ça présente l’avantage de donner l’impression que la BCE n’a pas purement et simplement capitulé. Tout est relatif : le total des fonds qui dorment aujourd’hui sur les comptes de la BCE frôlent les 30 milliards d’euros. Ce sont des milliers de milliards de dollars que les banques US ont déposé à la Réserve Fédérale. Pas étonnant que Janet Yellen la collègue de Draghi, ait indiqué à ce sujet le 14 novembre 2013 dans son premier discours de patronne de la FED que plus le taux de rémunération des dépôts bancaires est proche de zéro, (il est actuellement de 0,25% à la FED) et plus est élevé le risque de rupture des marchés qui contribuent à financer les banques…
Reste que sur le papier, s’il ne tue pas la déflation, un taux négatif devrait au bout du bout, faire baisser la devise européenne, une prétendue nécessité pour relancer la croissance à l’intérieur de la zone Euro. Ce n’est pas vraiment ce qu’ont constaté les banques centrales nationales de la Suède qui en a fait l’expérience pendant 14 mois en 2009-2010 et du Danemark qui s’y est collé en juillet 2012 jusqu’à avril dernier pour d’autres raisons.
Il n’en demeure pas moins que cette vague perspective si ténue qu’elle soit, devrait suffire pour inciter les pouvoirs publics à décréter le 5 juin, fête des banques…

A propos werdna01

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