Les dopés repartis pour un Tour

Le Canard Enchaîné du 9 juillet 2014 – Alicia Bourabaa
Mais où est donc l’Aicar ? les gendarmes du vélo, l’agence mondiale antidopage (AMA) et l’Agence française de lute contre le dopage, sont en mesure de détecter une nouvelle pilule miracle qui circule dans les pelotons : l’Aicar. Un dopant qui tourne  dans les milieux de la bicyclette depuis à peine… six ans, mais qui n’était pas encore passé par le radar des labos. Mauvaise nouvelle pour ses utilisateurs d’hier et d’aujourd’hui : les analyses des échantillons sont rétroactives.
Les champions des éditions précédentes du Tour de France ayant consommé ce brûle-graisse magique pourraient bien tomber cette année. Mais, que les piqués se rassurent, les échantillons troubles ne seront pas révélés avant le mois d’août, voire plus tard. Il ne faut pas gâcher la fête pendant les trois semaines du Tour.
L’opération mains propres lancée par l’Anglais Brian Cookson, patron de l’Union cycliste internationale (UCI) depuis septembre 2013, en est encore à ses premiers coups de pédale. Après avoir annoncé la mise en place d’une commission chargée d’enquêter sur les complaisances passées de l’instance internationale, le boss, par ailleurs papa d’un salarié de l’équipe Sky, ne semble pas tout à fait prêt à bannir les petites magouilles de l’ère Armstrong.
BrunPrnIAAAhwAMEt pas plus de chances que l’UCI s’empresse d’examiner le « cas » Froome. Candidat au podium du tour 2014 (il vient juste d’abandonner dans la 5ème étape après une chute), le Britannique chouchou de l’équipe Sky, disqualifié du Giro italien en 2010 pour s’être fait remorquer par une moto, présente une trajectoire médicale très déconcertante. Au cours des trois dernières années, ce vainqueur du Tour 2013 a consulté une bonne demi-douzaine de médecins extérieurs au staff de son équipe, aurait subi plusieurs maladies tropicales, dont un typhus abdominal et deux attaques parasitaires. D’insistants maux exotiques qui ont ouvert à ce résident monégasque l’autorisation de pratiquer des traitements spécifiques, histoire de ses refaire la cerise ! Un parcours pour le moins déroutant, décortiqué par le « Daily Mail » (28/6) dans une enquête étonnamment sérieuse.
Aujourd’hui, Chris Froome va mieux. En décembre, il se réjouissait même de s’être débarrassé d’une de ces maladies « affaiblissantes ». Six mois après avoir gagné le Tour… et battu le chrono de Lance Armstrong dans le col de la Madone. Quel record n’aurait-il pas pulvérisé sans ces petits parasites tropicaux !
Voilà un mois, Froome a aussi été accusé d’avoir pédalé, lors du Tour de Romandie,  en mai, avec de fortes doses de corticoïdes autorisées par l’UCI. Et par son directeur médical, Mario Zorzoli, un miraculé des années sombres. Déclaré asthmatique, le jeune Chris, qui n’hésite pas à tirer sur la Ventoline (traitement symptomatique des asthmes aigus graves de l’enfant et du nourrisson), se défend d’avoir bénéficié d’un traitement de faveur. « A croire qu’on recrute les vainqueurs du Tour directement dans les hôpitaux« , persifle Jean-Pierre de Mondenard, ancien médecin sur la Grande Boucle.
En attendant d’y voir comme dans l’eau claire, l’accro du Tour pourra toujours vivre la course à la télé, avec les commentaires de Laurent Jalabert. « Jaja », épinglé en 2013 par la commission d’enquête sénatoriale sur la lutte contre le dopage pour s’être révélé positif à l’EPO en 1998, est revenu aux affaires après un an de convalescence médiatique.
De quoi doper l’audience du Tour ?

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