Un nouveau commissaire européen qui sent le pétrole, en charge de l’Energie et du Climat !

Charlie Hebdo – 08/10/2014 – Fabrice Nicolino
Suspense. Miguel Cañete, lobbyiste de l’industrie pétrolière, va-t-il diriger la politique climatique de l’Europe ? En tout cas, l’homme de Petrolifera Dùcar est dans les tuyaux Vive la démocratie en marche !
miguel En première analyse, ce mec est un gros bœuf. Mais le bœuf reste un superbe animal et on voit bien que la comparaison ne tient pas. Miguel Arias Cañete, en effet, n’a à peu près rien pour lui. Né en 1950, cheffaillon du pitoyable Parti populaire (PP) d’Espagne, il a été ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement à deux reprises, et il devrait devenir, sauf refus du Parlement européen, en charge à la fois de l’Énergie et du Climat. Et donc représenter l’Europe dans toutes les négociations internationales autour du vaste dérèglement climatique en cours.
C’est une grande fête qui se prépare pour les climatosceptiques et les industriels planqués derrière, car Cañete est un adorateur stipendié du pétrole. Mais l’affaire remonte à fort loin, ainsi que le montre un récapitulatif dingo réalisé par les Amis de la Terre Europe. Dès 1996, Cañete, alors député européen s’intéresse de très près aux projets concernant les importations d’automobiles. Et comme il a raison ! Discrètement, oubliant même d’en parler dans une déclaration d’intérêts pourtant obligatoire, il est parallèlement un des pontes d’Italcar España, qui importes évidemment des tutures. Rebelote en 2011 : alors qu’il est ministre, Cañete oublie encore – damned – de déclarer ses intérêts dans deux sociétés de jeu et une entreprises agricole. Sa défense, historique, est qu’il ignorait faire partie de leur conseil d’administration. En 2002, sa femme – d’affaires, ô combien – passe devant une commission d’enquête espagnole, car elle est soupçonnée d’avoir reçu des informations confidentielles sur l’oreiller.
Et sournois, avec ça
En 2004, passé à l’opposition, Cañete propose ses services de lobbyiste au gouvernement américain, notamment au sujet des OGM Ce qui n’est qu’un petit aperçu. On passe sur ses petites phrases dégueulasses, si nombreuses. A propos des équatoriennes qui viendraient faire des mammographies gratuites en Espagne, quand elles coûtent neuf mois de salaire au pays. a propos des femmes en général : »Il est compliqué de tenir un débat avec une femme, car montrer de la supériorité intellectuelle pourrait paraître sexiste. »
Le plus sympa vient après. L’infatigable Cañete a également fondé deux boîtes pétrolières : Petrolifera Dùcar et Pétrologis Canarias, ce qui est un poli gênant quand on est sensé lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Mais pourquoi s’en faire ? Craignant tout de même les questions, Cañete refourgue ses actions dans ses nobles entreprises il y a quinze jours, y compris celles de sa femme et de son fils.Ses beaufs, deux de ses authentiques beaux-frères, restent aux commandes , et Cañete d’affirmer benoîtement que la déclaration d’intérêts ne porte que sur la famille immédiate, ce qui est assurément exact. Est-il utile d’en rajouter sur les montages fiscaux lointains, ou encore la société écran Havorad BV, basée aux Pays-Bas ? 
safe_imageOu en est-on ? C’est simplement horrible. Miguel Arias Cañete est un peu au développement durable ce que Coca Cola est au commerce équitable. Au moment où vous lirez ces lignes, un vote du Parlement européen doit confirmer  Cañete  dans son poste. Dans les coulisses politicardes habituelles, on s’amuse comme des petits fous : le PP espagnol et  Cañete ont derrière eux toute la droite européenne. Or, notre splendide Moscovici veut lui aussi être intronisé à la Commission, ce qui donne lieu à un deal comme on les aime. Ou les socialos européens se couchent, et en cas, Moscovici obtiendra définitivement son poste à l’Économie. Ou elle essaie d’évincer Cañete, et dans ce cas, Moscovici peut aller se faire voir.
Dans un contexte aussi plaisant, la crise climatique ne pèse pas davantage qu’une plume d’oie. Qu’en pense donc notre si chère Ségolène Royal, qui prépare une nouvelle foutaise pour 2015, connue sous le nom de « Sommet climatique mondial de Paris » ? Quelques voix écologistes gueulent, à peu pès dans le désert. Une pétition pour dégager le bœuf Cañete est en ligne, qui approche les 600 000 signatures : https://secure.avaaz.org/es/canete_climate_pa_es/?bhoDPab&v=47213. Ils s’en foutent. Mais bien.

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