Né en 1951, ingénieur en génie mécanique, animateur du centre équestre EquiLibre depuis 1977 (Equi-libre.fr ), référence internationale en locomotion équine, Pierre Enoff s’insurge contre l’héritage martial et carcéral du monde équestre, un monde qui perpétue des croyances et des habitudes délétères, injustes et injustifiables.
« Le monde équestre classique, héritier des traditions militaires et fruit d’une attitude très machiste, ne tolère pas que le cheval résiste. » Alors que « pour des raisons que l’on a toujours pas évaluées, le cheval, en individu conscient, peut exprimer son refus » – ce qui permettrait en prime d’éviter bien des accidents survenus parce que l’animal a été poussé à bout. « Avoir absolument le dernier mot est un concept étriqué qui dégrade toute relation. Ce n’est pas la peur ou l’orgueil qui doivent mener la relation mais la confiance. Ces projections inappropriées, malsaines et quelquefois dangereuses noient le cavalier dans un marécage de propositions engagées sur une fausse piste, celle de la domination, alors qu’il est question d’échange. » Un constat qui peut s’étendre à l’ensemble du fonctionnement mental et social du monde moderne.
Enoff relève aussi que l’article L214 – 1 du Code rural « place bon nombre de propriétaires hors la loi, les Haras nationaux en tête, suivis de Saumur et autres ‘’ prestigieuses‘’ références qui n’ont que faire des impératifs biologiques du cheval. » La bêtise et la brutalité des pratiques de dressage ( à base de coercition et de souffrance ), du ferrage (pratique invalidée par la science ), du rapport général entre l’homme et le cheval (dont l’espérance de vie culmine à 20 ans au lieu de 50 ans en milieu naturel ) : autant d’aberrations qu’il est pourtant si simple d’évacuer grâce à « deux notions essentielles, la connaissance et le respect ».
Le silence des chevaux, Pierre Enoff
Amaya
« Le silence des chevaux – Plaidoyer pour un autre monde équestre », écrit par Pierre Enoff, Il expérimente le pied nu avec ses chevaux depuis 30 ans, dans les Pyrénées, avec lesquels il fait de la randonnée.
Depuis que ce livre est sorti, (assez fraîchement), je rêve de le lire. C’est chose faite ! Je l’ai dévoré en trois jours, et je vous en fais un article quelques jours après. C’est dire si ce livre m’a transportée. Il correspond tellement à ce que je ressens au fond de moi et à ce que j’ai toujours pensé au sujet de nos chers chevaux.
Ce livre traite du respect du cheval et de sa nature, à quel point le bien-être est essentiel pour faire du cheval un partenaire. Il dénonce ainsi les traditions équestres qui causent du tort au cheval. Et en premier lieu, le fer. Le cheval de bataille de Pierre Enoff. Il explique pourquoi le fer est à l’origine de nombreux maux chez nos chevaux, et pourquoi il est essentiel de les voir évoluer pieds nus.
« … la question de la transition vers le sabot libre se trouve clairement posée. Le train est en marche, il est impossible de l’arrêter. » Voilà une phrase qui m’a marquée et fait du bien, tirée du livre. On se dirige clairement vers un mieux-être pour nos chevaux, les gens qui se battent pour ça commencent à se faire entendre et comprendre, et ainsi, on ne peut plus l’ignorer et faire l’autruche. On doit se poser des questions et remettre en question les traditions (chacun est libre de penser ce qu’il veut, remettre en question ne veut pas forcément dire changer ses habitudes).
Il aborde également la question de l’enfermement de nos chevaux dans les box, du mors, de l’alimentation (bien trop souvent inadaptée), notre relation au cheval… Si après ça on n’a pas envie d’offrir une vraie vie de cheval à notre compagnon !
Je dirais également que bien plus que de nous interpeller à propos des conditions de vie du cheval, ce livre nous amène (peut nous amener) à nous interroger sur notre quotidien et les pratiques de la société, nos propres croyances et notre propre mode de vie. Pour ma part en tout cas. Vous allez peut-être penser que je vais chercher loin, mais à mes yeux c’est une évidence, parce que comment s’interroger pour son cheval, vouloir le meilleur pour lui, sans faire le parallèle avec soi-même, sans se poser de question sur soi et sa façon de vivre ?
De mon côté, en lisant ce livre, je ne me suis pas arrêtée au cheval. Je m’y suis vue aussi, et à quel point je me malmène. Et comment pourrais-je respecter mon cheval si je n’en fait pas autant pour moi ? J’ai du pain sur la planche, moi je vous le dis !
Bref, pour moi ce livre a été une véritable parenthèse, dans laquelle j’ai pu me poser et réfléchir, me poser des questions. Ca a remué beaucoup de choses.
Ce livre m’a aussi un peu mise mal à l’aise, je dois bien le dire. Parce qu’il me renvoie au fait que je ne peux pas offrir à mon cheval la vie dont je rêve pour lui, la vie qu’il mérite. Pour le moment. Mais je suis certaine qu’un jour j’y parviendrai, je saurai m’en donner les moyens et en attendant, je fais de mon mieux pour compenser. Et la prise de conscience n’est-elle pas une première étape ?
Quoi qu’il en soit, je ne boude pas ce livre, au contraire, je ne veux plus faire l’autruche. Ce bouquin est ma bible, une route à suivre, il me permet de garder à l’esprit les objectifs que j’ai pour le mode de vie de mon cheval. Une vraie vie de cheval, dans la mesure du possible, sachant que j’interviens dans sa vie.
Pour conclure, ce livre s’adresse à toutes les personnes désireuses de savoir ce qui est bon pour son cheval, comment respecter sa nature. Et puis à tout le monde, en fait. Seulement certains préfèrent faire l’autruche et ne pas s’attarder sur ce genre de livre. Je ne prétends pas que ce qui est dans ce livre est la vérité absolue, chacun est libre de penser ce qu’il veut. Et je ne peux pas me permettre de juger, puisque je n’arrive moi-même pas à mettre en application ce que je pense être juste et bon. Seulement, ce livre, même si on n’est pas d’accord avec ce qui y est dit, amène à la réflexion, et on a tous besoin de remettre en question nos croyances et faire évoluer nos habitudes.
En espérant que ce livre permette de changer les mentalités du monde équestre actuel, qu’il permette de bousculer les habitudes, et qu’il vous plaise autant qu’il m’a plu ;).
kozett
Frédéric Baylot
werdna01
Résistance Inventerre 