C’est un recul rare pour Viktor Orban : le premier ministre hongrois, mis sous pression par des manifestations et vivement critiqué par Washington et Bruxelles, a annoncé vendredi le retrait sine die de son projet de taxe internet.
« La taxe sur internet ne peut pas être introduite dans sa forme actuelle (…) Rien ne peut être validé dans ces circonstances », a annoncé à la radio publique le dirigeant conservateur, qui s’exprimait après une semaine de silence.
Manifestation à Budapest contre la taxe internet, le 28 octobre 2014 en Hongrie afp.com –
Plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient défilé mardi à Budapest, pour la seconde fois en trois jours, contre un projet de taxe sur les téléchargements jugé liberticide. Cette mobilisation, également observée dans plusieurs villes de province, est sans précédent depuis l’arrivée de M. Orban au pouvoir en 2010.
Vendredi soir, quelques milliers de ces opposants se sont à nouveau réunis à Budapest pour célébrer « la victoire du peuple hongrois contre un pouvoir inepte », selon les mots des organisateurs.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le 7 avril 2014 lors d’une conférence de presse à Budapest afp.com – Attila Kisbenedek
– Orban plaide le malentendu –
Quelques minutes auparavant, le ministère de l’Economie avait annoncé formellement le retrait de l’amendement à la loi sur les télécoms qui contenait le projet de taxe.
La Commissaire européenne Neelie Kroes avait dénoncé un danger pour l’économie numérique et pour les libertés. Elle a réagi au retrait en se disant « très heureuse pour le peuple hongrois, dont la voix a été entendue ».
Le premier ministre hongrois a plaidé de son côté le malentendu, et s’est efforcé de circonscrire le débat à la question fiscale. Il a promis une vaste « consultation » au premier semestre de 2015 sur les moyens de taxer les « énormes profits » générés sur internet.
Le pouvoir hongrois « a réalisé qu’il risquait de perdre beaucoup s’il persistait à vouloir introduire cette taxe », analyse pour l’AFP Kornelia Magyar, du Hungarian Progress Institute. Selon elle, l’annonce d’une « consultation » suggère toutefois que le retrait de la taxe n’est « pas définitif ».
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Orban a rarement reculé depuis son arrivée au pouvoir en Hongrie en 2010. Fort d’une majorité confortable, il a notamment fait adopter à la hussarde des réformes controversées de la Constitution, des médias et de la justice.