C’est un agent de l’escroquerie légale au fisc qui dirige l’Europe

Charlie Hebdo – 12/11/2014 – Bernard Maris
Monsieur Juncker est le président de la Commission européenne, cet organisme qui donne des leçons de bonne gestion à la France, notamment, et aux pays du « Club Med ». Monsieur Juncker est l’ancien Premier ministre du Luxembourg (de 1995 à 2013…), un petit état qui ne vit que de la fraude fiscale. Pardon : de la fraude fiscale légale, c’est pire. On apprend que son pays a passé plus de 340 accords secrets avec des multinationales, pour leur permettre une « optimisation fiscale », autrement dit le moins d’impôts possible en situant leurs activités au Luxembourg. Sont concernés des monstres comme Ikea, Amazon, ou encore Pepsi Ainsi, la France perdrait quelque 60 milliards d’euros d’impôts dur les sociétés (perte légale qui s’ajoute à la fraude pure à la TVA, de l’ordre de 30 milliards…) Les États-Unis perdraient plus de 1 500 milliards d’euros d’impôts liés à l’optimisation fiscale des grands groupes (étonnez-vous avec ce manque à gagner que les américains n’aient pas de couverture santé…).
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Le Luxembourg, qui accueille plus de 140 banques, est le premier centre de fonds d’investissement d’Europe et le deuxième au monde derrière les États-Uni. Il vient de griller le Qatar. En clair, si le Luxembourg cesse de sucer le sang de ses soi-disant partenaires économiques européens, il redevient peu ou prou un pays de paysans fabricants de saucisses – excellentes par ailleurs. Car la sidérurgie, c’est fini aussi. Cette affaire révèle une chose, non pas que le Luxembourg est un paradis fiscal – ce n’est plus un scoop depuis longtemps -, mais que l’Union européenne, déjà bien loin d’être une communauté politique, n’est même pas une communauté économique. (Gérard Biard)
un-ancien-dirigeant-d_un-paradis-fiscal-candidat-de-la-droite-commission-europeenneC’est donc un agent de l’escroquerie légale au fisc qui dirige l’Europe et nous demande, avec sa Commission, d’être un peu sérieux : de libéraliser le marché du travail, allonger notre temps de travail,  revoir un peu les indemnités sociales, etc. Il y a quelque chose de vicieux et d’odieux dans cette optimisation fiscale, organisée par des costards-cravates propres à l’extérieur, sales a l’intérieur. J’ai connu des types qui avaient la trouille de piquer à la FNAC et allaient voler des bouquins dans les bibliothèques publiques. Qui sait pourquoi Juncker fait penser à ces salauds ? A la limite, on préfère le braqueur. Il est totalement hors la loi Il prend des risques.
Chaque fois que Juncker et son duché de merde permettent à des multinationales d’échapper à l’impôt, ils font payer cet impôt par les malheureux résidents qui, eux, ne peuvent pas s’en aller et moins encore s’offrir leur gras services. Xavier Niel, avec une certaine innocence (et un certain courage), racontait sur BFM-TV que la France était un paradis fiscal en matière de transmission d’entreprise. Et c’est vrai. Pas plus facile et moins onéreux qu’en France de se tirer avec son capital ou de le transmettre. J’ai cru que le journaliste de BFM-TV allait lui sauter à la gorge… « Quoi ? Quoi ? Dans ce pays du matraquage fiscal, vous osez dire…  » Il en bavait sur sa chemise. Xavier Niel maintenait. 
La moindre des choses serait que Juncker démissionne, ouvre un cabinet de conseil fiscal et continue d’œuvrer pour la fraude légale. Qui osera demander sa démission ? Mosco ? Sapin ? Bové ? Allez José, au créneau !
1412542027-1Les fraudeurs légaux répondent : les impôts sont trop élevés, baissez-les, et on paiera. En vérité, quelque soit le niveau de l’impôt, les puissants ont toujours rechigné à payer. L’histoire de rance est l’histoire de la fraude plus ou moins légale à l’impôt par les puissants, jusqu’à ce qu’à la suite d’États généraux, une révolution leur coupe la tête.La grande force des puissants est de laisser croire aux petits, aux bonnets rouges, aux camionneurs, aux restaurateurs, que leur combat est le même : contre le même mal, l’impôt. Non. Les petits payent des impôts parce que les gros qui devraient les payer ne les payent pas.
C’est vrai qu’il y en marre du matraquage fiscal. Mais, plus encore, il y en a marre des paradis fiscaux et de cette fuite devant l’impôt qui ressemble au rachat du tirage au sort pour le service militaire : les riches, autrefois, rachetaient leur numéro aux pauvres gars qui partaient se faire étriper. Le seul combat à mener, au nom de l’Europe, est la lutte contre les paradis fiscaux, avoués ou cachés. Pourquoi ne pas demander à l’Irlande de rembourser toutes les aides européennes qu’elle a utilisées pour se transformer en paradis fiscal ? Mais qui a intérêt à lutter contre les paradis fiscaux ? Google, Amazon, Ikea, Pepsi ? Toute cette ploutocratie hors-sol qui est en train de préparer secrètement un traité de libre-échange avec les États-Unis (Tafta) sous la bénédiction du fraudeur légal Juncker ? Allez, la messe est dite.

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