La pollution sonore, première source de nuisance

Charlie Hebdo – 05/11/2014 – Antonio Fischett
Quand on parle de pollution, on pense généralement à celle de l’air Pourtant, ce n’est pas la première source de nuisance pour les Français En tête : le bruit C’est ce que rappelle le CIDB, Centre d’information et de documentation sur le bruit, dans son bilan sur l’état de l’environnement sonore en France (numéro hors série du magazine Echo bruit)
nuisance3Selon un sondage réalisé par l’IFOP en septembre dernier, 82% des français se disent gênés par les bruits. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce ne sont pas seulement des gens âgés (84% des 50 à 64 ans) ou des citadins (86% en agglomération parisienne, 78% en commune rurale). Le CIDB rappelle aussi qu’en plus de casser les oreilles « le bruit finit par coûter très cher à la société », si l’on tient compte de ses effets sur la santé : perturbation du sommeil, dépressions, surdités professionnelles (1 200 cas reconnus chaque année en France)… Le stress auditif aurait même une influence sur « le nombre de cas d’obésité, qui augmente à proximité des aéroports« . En 2011, une étude de l’Organisation mondiale de la santé allait encore plus loin. Après avoir estimé l’effet des nuisances sonores sur différentes maladies, elle concluait que, sur toute la population d’Europe de l’Ouest, « le bruit causé par la circulation concourt chaque année à la perte de plus de 1,6 million d’années de vie en bonne santé« . Un chiffre effrayant, et pourtant bien peu connu. En fait, tout le monde s’en fout. Le CDIB parle carrément de « déni des nuisances sonores en termes de dégradation du bien-être physique« .
En guise d’illustration de ce déni, sachez qu’une directive européenne de 2002 impose aux gestionnaires d’infrastructures et aux collectivités territoriales l’élaboration des cartes de bruit et de plans de prévention des nuisances sonores. Eh bien, la France accumule tellement les retards qu’elle risque une amende de la Commission européenne : pour le réseau routier, par exemple, ces cartes de bruit ont été réalisées moins d’une fois sur deux (44% des cas, précisément).
A côté de ça, les pouvoirs publics traînent moins les pieds pour fermer les bars musicaux, sous prétextes de nuisances sonores. Plus facile, évidemment. Or la gestion du bruit ne se réduit pas à cette hypocrite traque aux décibels qui met sur le même plan ceux provenant d’un avion et ceux d’un bar musical. La gestion du bruit, c’est l’équilibre entre zones calmes et zones de vie. Entre droit au silence et droit à des sons choisis. Il y a bien quelques sociologues, comme Rachel Thomas, du Centre de recherches et d’études sur l’espace sonore urbain (CRESSON), pour déplorer « une forme de lissage des ambiances urbaines » qui « favorise l’apathie et l’indifférence« , mais ils sont rarement écoutés. Il est temps qu’acousticiens, urbanistes et pouvoirs publics accordent leurs violons, pour qu’on ne soit plus coincés entre bruit délétère et silence mortifère.

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A l’occasion des 7èmes Assises de la qualité de l’environnement sonore qui se sont tenues à Lyon du 14 au 16 octobre 2014, le CIDB a publié un numéro hors-série de la revue Écho Bruit afin de faire le point sur l’état de l’environnement sonore en France depuis les dernières assises de 2011.
Élaboré sur la base d’interviews d’experts (ingénieurs acousticiens, urbanistes, industriels, associations, élus) et à partir des plus récentes études, ce document traite des effets du bruit sur la santé, du coût social du bruit, des nouvelles réglementations ainsi que des initiatives phares et des expériences les plus intéressantes menées par les villes, les associations et les industriels pour réduire la pollution sonore. Un dossier spécial est consacré aux « zones calmes », espaces de ressourcement que chaque commune est invitée à définir en collaboration avec ses riverains, conformément à la directive européenne 2002/49/CE relative à l’évaluation et la gestion du bruit dans l’environnement.
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L’état de l’environnement sonore – Un marqueur de notre qualité de vie – Edition 2011-2014 – Echo Bruit Edition spéciale n°145 – CIDB – 72 pages – Octobre 2014
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