UMP – Sarkozy : L’image n’est pas bonne. Elle écorne la stature de l’ancien chef d’Etat pris en flagrant délit de flatterie électorale

A l’UMP, le chef n’est plus vraiment le chef
Il faudra attendre le 29  novembre, date de l’élection à la présidence de l’UMP, pour savoir si Nicolas Sarkozy a réellement pâti de ce qui s’est produit samedi 15  novembre lorsque, sous la pression d’une salle houleuse, l’ancien président de la République s’est prononcé pour  » l’abrogation  » de la loi Taubira sur le mariage pour tous, alors que, jusqu’à présent, il voulait simplement l’amender.
L’image n’est pas bonne. Elle écorne la stature de l’ancien chef d’Etat pris en flagrant délit de flatterie électorale et de monnayage peu glorieux avec ces mots dignes d’un marchand de tapis :  » Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça – ne – coûte pas très cher !  » La salle s’est immédiatement calmée, mais lesconcurrents de Nicolas Sarkozy lui sont tombés dessus en l’accusant, tel Bruno Le Maire, d’ » avoir cédé à une clientèle « , tandis que la gauche évoquait  » le naufrage d’un chef « .
C’est naturellement excessif, car le candidat a dit sur le mariage pour tous ce que pense la majorité des adhérents UMP, et jusqu’à présent c’est tout ce qui compte pour lui : faire le plein des voix du noyau dur sur lequel il a fondé sa stratégie de reconquête dans une improvisation sidérante.
Pour qui l’a suivi, le contraste est total avec sa campagne de 2007 où, au terme de dix années de travail acharné, le rénovateur de la droite s’était présenté devant les électeurs avec une offre politique nouvelle, un désir d’ouverture, une envie de bousculer les lignes que doublait une formidable énergie.
Boomerang
Là, l’offre est réduite à néant, car, occupé à courir pendant deux ans les conférences internationales, bousculé dans son agenda par le naufrage de l’UMP, Nicolas Sarkozy n’a pas pris le temps de réfléchir à la façon dont il allait atterrir. Il a beaucoup compté sur son statut d’ancien président et sa conviction de n’avoir jamais été vraiment battu pour créer l’onde de choc et redevenir le leader de la droite.
Mais il découvre que c’est plus compliqué que cela. Au fil de ses réunions publiques, il doit donner aux troupes qu’il continue d’électriser ce qu’elles lui demandent : du sécuritaire, de l’identitaire, du réactionnaire, de l’anti-gauche. Et lui le leur donne sans que l’on sache très bien s’il adhère à ce qu’il dit ou s’il se laisse porter par la droitisation de la droite, car rien n’a été défini à l’avance, tout est à construire au point que ce qu’il reproche tant à François Hollande finit par lui revenir comme un boomerang : serait-il lui aussi devenu le roi de la synthèse, jouant un jour les Wauquiez, le lendemain les NKM sans parvenir à dissiper le malaise qui s’est emparé de ses propres troupes ?
C’est tout le risque de cette campagne présidentielle qui démarre beaucoup trop tôt et va s’étaler sur deux ans : rien n’est ficelé, ni le projet ni les structures, puisqu’il est question de remplacer l’UMP défaillante par un nouveau parti et d’organiser dans la foulée des primaires ouvertes. Dans cette révolution copernicienne qui s’impose à la droite, seule triomphe la base, qui, au lieu de se laisser conduire, réussit à imposer ses humeurs à celui qui jusqu’à présent prétendait incarner la quintessence du chef.
22/11/2014 Par Françoise Fressoz © Le Monde

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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