Mauvaise Grèce !

Le Canard Enchaîné – 30/12/2014 – J.-L P. –

HORREUR ! Les Grecs s’apprêtent à avancer d’un grand pas. Vers le précipice. « Péril à Athènes !« , titre « Le Figaro » (29/12). Le Premier ministre grec a menacé de Chaos le pays. Bruxelles tremble. L’Europe « frémit« .

C’est que les Grecs, au lieu de remercier la sainte troïka (Commission européenne, BCE, FMI) d’avoir renfloué une bonne partie de leur dette et de leur avoir infligé quatre années de thérapie de choc, renâclent. Quatre ans d’anxiété, de rigueur, de coupe à la hache dans les retraites, la couverture sociale, les indemnités de chômage. Et, au bout du compte, 25% de chômeurs ! Alors, ils s’apprêtent à porter au pouvoir, lors d »élections législatives anticipées, qui ont lieu fin janvier, le parti de la gauche radicale Syriza, dirigé par Alexis Tsipras. 

Horreur ! Syriza a déjà annoncé qu’il mettrait fin à l’austérité et qu’il arrêterait de rembourser la dette. Ou du moins, pour commencer, les intérêts de la dette. Alerte générale chez les créanciers ! Lesquels sont désormais, non plus les banquiers, mais, selon « Le Figaro » (29/12), « à 90% les Trésors publics » Sueurs froides sur les marchés ! Et si l’Espagne, où menacent aussi les indignés de Podémos, en faisait autant ? Les malheureux ! Plus personne ne voudrait leur prêter un euro. Ils ne pourraient plus vivre à crédit, comme tout pays moderne qui se respecte.

Même Juncker, le commissaire chef de l’Europe, a perdu son sang-froid et a affirmé qu’il « n’aimerait pas que des forces extrêmes arrivent au pouvoir« . Une première. Jusqu’ici, aucun dignitaire européen ne s’était encore permis pereille intervention dans le processus électoral d’un pays membre… Et qu’importe si les élus du Parti de la gauche européenne font valoir que, contrairement à l’extrême droite, Syriza ne veut pas « détruire l’Europe de l’intérieur » mais la transformer, et qu’il « n’est pas un parti dangereux, [mais qu’]il vaut quitter l’euro » « (Le Monde », 25/12). Certes, mais qui va leur prêter de l’argent, et à quel taux ? Qui va leur assurer les fin de mois ?

Allons, reprenons tous en cœur : Alerte ! Panique à bord ! Les Grecs sont fous !

 

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