Transition énergétique : financements fossiles indécents et pouvoir des lobbies

Mensuel gratuit Biocontact n° 253 – janvier 2015
Dans son nouveau rapport « Alimentation, énergies fossiles et financements indécents » publié le 17 octobre, Oxfam dénonce l’existence d’un « triangle toxique » dans le secteur des énergies fossiles, qui risque de confronter 400 millions de personnes à la faim et à la sécheresse d’ici à 2060 : des investisseurs privés cherchant le profit à court terme, des gouvernements qui manquent de volonté politique et un lobby industriel qui fait pression pour maintenir le statu quo.
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© Ded Pixto/Fotolia.
Selon Oxfam, 674 milliards de dollars ont été investis dans le développement des énergies fossiles en 2012. Pire, les gouvernements ont subventionné à hauteur de 1 900 milliards de dollars par an le secteur des énergies fossiles, grâce à des allègements fiscaux et des mesures d’incitations publiques. Selon les dernières estimations, les subventions françaises au secteur s’élèvent, elles, à 5 milliards de dollars.
Au niveau international, les énergies propres et renouvelables bénéficient de cinq fois moins de subventions que le secteur des énergies fossiles. Pourtant, grâce aux avancées technologiques, elles sont de plus en plus compétitives.
Afin de maintenir le statu quo, le lobby des énergies fossiles consacre plus d’un demi-million de dollars par jour afin de faire pression sur les gouvernements des Etats-Unis et de l’Union européenne. En 2013, les bénéfices des dix plus grandes compagnies du secteur des énergies fossiles cotées en bourse ont ainsi atteint 1 800 milliards de dollars.
Total se classe en 6e place avec 145,9 milliards de dollars. Cause première du changement climatique, les énergies fossiles génèrent 80 % des émissions de CO2 qui menacent la  santé, l’alimentation, le commerce et la croissance économique. Si l’on ne réduit pas la consommation d’énergies fossiles, la planète se réchauffera de 4 à 6 °C d’ici à la fin du siècle et l’impact sur les populations les plus pauvres pourrait être dévastateur.
Si elles s’alignaient sur les préconisations des lobbies de l’industrie fossile, plutôt que sur celles des experts, l’Europe et plus particulièrement la France condamneraient d’emblée la chance d’aboutir à un accord international ambitieux au moment de la COP21 en 2015. Oxfam France demande aux dirigeants européens et plus particulièrement au  gouvernement français de résister aux pressions du secteur des énergies fossiles.
« La France veut être exemplaire sur la mise en place d’une transition énergétique efficace au niveau national. Or elle continue allègrement de subventionner les énergies fossiles et elle ferme les yeux sur les investissements massifs du secteur privé, notamment les banques. Le projet de loi actuellement soumis au Parlement français ne propose rien pour stopper ou réorienter ces financements.
Il est temps pour la France, en tant que future présidente de la COP21, de décider si elle veut être le bon élève ou le cancre des négociations climatiques internationales », déclare Jean-Cyril Dagorn, chargé de mission à Oxfam France.

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