Pour sa 1.000e édition, Charlie Hebdo « enterre les présidents »
« Le journal qui enterre les présidents » : pour sa millième édition qui sort mercredi, Charlie Hebdo a peaufiné sa Une illustrée par Cabu, l’occasion d’expliquer comment naissent les choix du journal satirique.
Le dessinateur de presse Cabu dans les locaux de Charlie Hebdo, le 15 août 2011
« Le journal qui enterre les présidents » : pour sa millième édition qui sort mercredi, Charlie Hebdo a peaufiné sa Une illustrée par Cabu, l’occasion d’expliquer comment naissent les choix du journal satirique.
« Maigre actualité… pas de mort célèbre », déplore l’équipe réunie à la rédaction à Paris en ce lundi 15 août. Les dessinateurs se penchent sur la question : Cabu, Charb, Nicolas, Tignous, Besse, Catherine, Luz, Riss et Luce Lapin, chroniqueuse et secrétaire de la rédaction. Jul, absent, a envoyé un dessin.
En lice pour cette Une anniversaire, une série de caricatures affichées au mur. Après quelques débats, une seule est retenue. Les neuf autres, choisies de façon « autoritaire » plaisante Charb en les triant, feront partie des « unes auxquelles vous avez échappé ». Quelques autres seront postées sur le site de l’hebdomadaire humoristique, mais pas toutes. « Si on met tout sur le net, on est mort », tranche-t-il.
Parmi les dessins candidats: « Somalie, un dîner presque parfait, les cuillères à Droite, les fourchettes à Gauche », au centre un petit Somalien crevant de faim. La famine en Somalie, on y est sensible à Charlie. Cabu aussi la dessine « mais ça fait pas vendre », dit-il face à sa production : un gros gâteau pour le 1.000e anniversaire d’où surgit, telle une danseuse, un noir maigrichon. « On dirait Edith Piaf », lance un membre de la rédaction. « Non c’est FX » (ancien candidat de secret story qui vient de se suicider NDLR) rétorque un autre.
Remarques et piques fusent: « Catherine faut que t’aprenne à dessiner des mouches ! Tignous, il ose plus faire ses hommes d’affaires avec des gros cigares et des mouches autour pour Charlie Hebdo, on s’est trop moqué de lui ». La crise aussi inspire encres et crayons : « Valeur refuge : investissez dans le cul, y a que là qu’on est bien! », « Investissez dans la pierre » illustré par un jet de pavé façon 1968.
Autre sujet de prédilection: la religion. Pour la millième, ont été proposés le Pape souhaitant « que dieu envoie un exorciste à Charlie », le dalaï lama assorti d’une affiche « comment garder son triple A » et accompagné d’un avertissement: « par temps de crise attention aux charlatans ». Dans la tradition « pipi-caca », un numéro mille formé du chiffre un et de trois postérieurs en forme de zéros a également été livré.
Mais ce sont finalement les présidents croqués par Cabu (Mitterrand, Chirac et Sarkozy) qui remportent la palme : Charlie Hebdo « le journal qui enterre les présidents » sera la Une de mercredi. Avec un dessin alignant François Mitterrand gisant mort, Jacques Chirac allongé et sur le point d’y passer et Nicolas Sarkozy, en passe de les rejoindre.
Applaudissements ! Cabu est ému : « J’ai fait aussi la première », se souvient-il. On court la chercher. Elle montrait François Mitterrand, alors président de la République, confronté à de sérieux soucis et scandales, « Urba, chômage, hémophiles, surperphénix » et transpirant à grosses gouttes à l’idée d’avoir en plus « Charlie hebdo qui revient ».
Le moral est bon mais la vie est dure pour la fine équipe qui regroupe une trentaine de personnes rue Turbigo en face d’une église à Paris et qui déménage en septembre Porte de Montreuil. « Loyer moins cher », explique Charb.
« Tirage actuel : 70.000 exemplaires. On en a connu de meilleurs, 120.000 il y a quatre ou cinq ans », précise-t-il.
TV 5 Monde PARIS (AFP) – 15.08.2011 © 2011 AFP
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Frédéric Baylot
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