« Marche républicaine » – Pour les partis aussi, une journée de concorde nationale

 Le Monde | 12.01.2015

Après avoir lancé l’idée de la manifestation, les formations politiques  ont remisé leurs divergences

Cette foule de visages connus fait habituellement le bonheur des caricaturistes de Charlie Hebdo. Des dizaines de personnalités politiques de tous bords ont défilé ensemble dans la marche républicaine, dimanche 11 janvier à Paris, pour rendre hommage aux 17 victimes des attaques terroristes.
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Une photo de famille impromptue derrière une banderole « Nous sommes Charlie », avec les UMP Christian Jacob, François Baroin ou Daniel Fasquelle, les socialistes Jean-Christophe Cambadélis, Anne Hidalgo, Elisabeth Guigou, Guillaume Bachelay ou Bruno Le Roux, les centristes Jean-Christophe Lagarde et Laurent Hénart, les écologistes Emmanuelle Cosse, Jean-Vincent Placé et Denis Baupin ou le radical Jean-Michel Baylet.
Jean-Paul Huchon posait, lui pour une photo avec sa rivale à la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, tandis que Martine Aubry, la maire de Lille, se retrouvait côte à côte avec Eric Woerth, l’ancien ministre du budget UMP. Ne manquait à l’appel que le FN dont la participation n’avait pas été souhaitée.
Le temps d’un dimanche, les oppositions ont été remisées, chacun ayant à cœur d’afficher un front uni contre la barbarie. « J’étais persuadé que la manifestation balaierait les polémiques, les prétentions ou les positionnements tactiques », se félicitait à l’issue de la marche Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS. « Le temps de l’analyse et de l’action politique viendra. Pour l’instant, nous sommes dans le temps de l’émotion et du rassemblement, expliquait de son côté Jean-Christophe Lagarde, le patron de l’UDI. Nous sommes venus dire avec les millions de gens présents “Vous ne nous ferez pas changer nos modes de vie”. C’est un formidable message d’unité. » Même enthousiasme du côté du chef de file des députés UMP à l’Assemblée, Christian Jacob : « Nous avions besoin de ce mouvement de solidarité. La présence de tous ces élus représente un message d’unité de la République rassemblée. »

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Le cortège des élus mêlés aux dignitaires religieux et aux responsables syndicaux s’est avancé en troisième position, derrière celui des proches des victimes et celui – impressionnant par la taille – des chefs d’Etat. Position paradoxale de ces partis politiques qui ont été à l’initiative de cette grande marche avant de se mettre en retrait devant un début de polémique nationale. De nombreuses voix se sont en effet élevées dans la semaine pour prévenir toute récupération politique des événements tragiques. « Je suis Charlie, je défile en conscience et non derrière les politiciens », pouvait-on lire par exemple sur un panneau dans la foule. La question de la place du FN, que Charlie Hebdo a toujours combattu, avait également posé problème.
Etat de grâce
« Le rôle des partis n’était pas d’être catalyseurs mais d’avoir l’intelligence de se mettre en retrait devant la mobilisation populaire », expliquait Jean-Christophe Cambadélis. Les organisations politiques de gauche et les syndicats ont notamment prêté main-forte aux forces de l’ordre. Le Parti communiste et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon ont apporté leur savoir-faire dans la gestion des grandes manifestations. Le Parti socialiste avait mobilisé 600 personnes de son service d’ordre, venues de toute la France. « Plusieurs élus UMP m’ont dit qu’ils étaient impressionnés par notre organisation », glissait un député socialiste à l’issue du rassemblement qui s’est déroulé sans heurts notables.
RaffarinPancho-15-02-03--illustration10-.jpg 49-3Mais que restera-t-il dans les semaines qui viennent de cet instant fugace de concorde nationale des partis ? « Aujourd’hui on dépasse les clivages politiques et religieux, ce qui ne veut pas dire qu’on les efface », expliquait en amont de la manifestation Luc Ferry, l’ancien ministre de l’éducation du gouvernement Raffarin. « Les gens qui sont là n’ont pas aboli leur esprit critique du fait de l’émotion qu’ils ressentent. Ils savent parfaitement ce qu’ils font là, avec qui ils sont et contre qui ils sont », estimait Jean-Luc Mélenchon, défilant avec ses troupes, à l’écart du cortège des élus.
Au PS, on espère en revanche que l’Etat de grâce se prolonge un peu. « Dans les jours qui viennent, on ne pourra pas faire comme si l’union nationale n’avait pas eu lieu, il faudra traiter les problèmes tous ensemble », explique Jean-Christophe Cambadélis, qui propose « une main tendue » à l’opposition. Avant de dénoncer « la faute politique de Valérie Pécresse », qui a évoqué dimanche un « Patriot Act à la française ». Comme si le débat avait, malgré tout, déjà repris
Nicolas Chapuis  Journaliste au service Politique twitter
Alexandre Lemarié Journaliste en charge du suivi de l’UMP twitter
Bastien Bonnefous  Journaliste au Monde

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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