Libération yézidis – L’Etat islamique relâche quelque 200 yézidis détenus dans le nord de l’Irak

Le Monde.fr avec AFP et Reuters 18.01.2015

Les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) ont mis fin, samedi 17 janvier, à la captivité de près de 200 yézidis. Ils étaient retenus depuis plusieurs mois dans le nord de l’Irak, à Mossoul, deuxième ville du pays tombée dans les mains du groupe extrémiste en juin, selon les témoignages recueillis par l’Agence France-Presse.

Parmi les personnes libérées figurent des vieillards, des femmes, des enfants et des personnes souffrant de troubles mentaux, a précisé un général peshmerga, les forces de sécurité kurdes irakiennes.

Les yézidis libérés par l’EI ont été pris en charge par les forces de sécurité et les responsables locaux kurdes dans la région de Kirkouk, en Irak. | REUTERS/STRINGER/IRAQ

196 D’ENTRE EUX ONT PU ÊTRE IDENTIFIÉS

L’air épuisé et perdu, les yézidis libérés, certains en chaise roulante, d’autres appuyés sur des bâtons de bois, ont été conduits de la province de Ninive à la ville de Kirkouk, plus au sud, selon Saman Jabbari, un homme politique kurde. Ils ont ensuite été acheminés vers un centre de soins d’Altun Korpi, situé sur la route menant de Kirkouk à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.

« C’était tellement dur… pas seulement à cause du manque de nourriture, mais aussi parce que nous avons été longtemps inquiets », raconte l’un d’eux, un vieil homme assis dans un fauteuil roulant, une écharpe rouge et blanche nouée autour du cou.

Khodr Domli, un militant des droits de la communauté yézidie, a affirmé que, pour l’heure, 196 d’entre eux ont pu être identifiés. Il s’agit de la plus importante libération « d’otages » par le groupe extrémiste sunnite responsable d’atrocités, ont indiqué des responsables irakiens. Ceux-ci s’avouent surpris de cette décision prise, selon eux, sans aucune coordination avec les autorités.

Les Yézidis libérés, attendent dans un centre de soin sur la route menant de Kirkouk à Erbil. (Photo Safin Hamed. AFP)

CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

La minorité yézidie, considérée comme hérétique par l’EI, a été particulièrement visée par le groupe extrémiste sunnite qui a conquis des pans entiers du territoire irakien, notamment les alentours du mont Sinjar, fief de cette communauté, dont le siège débuté en août a été levé à la fin de l’année 2014.

Les djihadistes multiplient les exactions dans les régions sous son contrôle en Irak comme en Syrie voisine, où ils sont impliqués dans la guerre depuis 2013. Les ONG de défense des droits de l’Homme et l’ONU les ont accusés de nettoyage ethnique et de crimes contre l’humanité.

Depuis l’exode dramatique des yézidis sur le mont Sinjar, l’été dernier, le président américain Barack Obama a annoncé la création d’une coalition internationale anti-djihadistes menant des frappes aériennes contre les positions de l’EI.

Ces raids ont permis à l’armée irakienne, totalement dépassée aux premiers jours de l’offensive des extrémistes sunnites, et aux peshmergas de regagner un peu de terrain. Toutefois, selon un responsable kurde qui a recueilli le témoignage d’un rescapé, près de 3 000 yézidis sont encore aux mains de l’EI.

L’exil dramatique des Yézidis

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Les yézidis, une minorité religieuse dont le nombre est estimé à 600 000 en Irak, ont subi au mois d’août, dans la région du Sinjar, l’un des pires massacres de leur longue histoire.

Pourchassés par les combattants de Daech (acronyme arabe de l’Etat islamique), des dizaines de milliers de familles de cette très ancienne minorité religieuse kurdophone ont dû fuir dans les montagnes, sans eau ni nourriture, sous des températures caniculaires. Certaines y sont encore bloquées alors que tombent les premières neiges.

D’autres ont trouvé refuge dans des camps établis au Kurdistan. Familles incomplètes, largement sinistrées. Des centaines d’hommes ont été exécutés dans les premières heures de l’attaque, tandis que des milliers de prisonniers ont été emmenés par Daech dans des autobus et pick-up vers des destinations inconnues.

Différents contacts téléphoniques avec des détenus puis le retour de plusieurs fugitives et rescapées ont permis de savoir que les jeunes femmes, en particulier celles qui n’étaient pas mariées, ont été attribuées ou vendues aux djihadistes comme esclaves sexuelles dans les territoires contrôlés par Daech (Mossoul en Irak, Racca en Syrie), voire emmenées ailleurs. Les jeunes garçons ont quant à eux été enlevés à leurs parents pour être placés dans des écoles coraniques et formés au djihad.