LE MONDE | 04.02.2015
Face au FN, seul un combat frontal peut sauver la droite
Editorial . Il aura donc suffi d’une élection législative partielle, dont le premier tour se tenait dimanche 1er février dans le Doubs, pour confirmer de façon spectaculaire les divisions qui déchirent l’UMP. Et pour faire resurgir la confusion – presque la panique, désormais – de la droite française face à la menace du Front national.
Cela fait trente ans, en effet, que les responsables de la droite se balancent d’un pied sur l’autre, hésitant sur la conduite à tenir devant le parti d’extrême droite : accords électoraux lors de la municipale de Dreux en 1983, puis aux régionales de 1986 ; main tendue lors de la présidentielle de 1988, quand Charles Pasqua, alors ministre de l’intérieur, assurait que « le FN partage les mêmes valeurs que [la droite] » ; accords dans plusieurs régions en 1998, en dépit du cordon sanitaire établi par les responsables du RPR ; « front républicain » avec la gauche, qui permit la réélection de Jacques Chirac contre Jean-Marie Le Pen en 2002 ; « Ni FN ni PS » imposé par Nicolas Sarkozy à son camp lors des cantonales de 2011.
L’élimination de son candidat dans le Doubs a replongé l’UMP en plein pataquès et démontré, au passage, la faiblesse stupéfiante de Nicolas Sarkozy, deux mois après sa reconquête de la présidence du parti. Sans craindre d’être minoritaires, Alain Juppé et la numéro deux de l’UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, ont clairement appelé à « faire barrage » au Front national. D’autres caciques – François Fillon, Bruno Le Maire et Laurent Wauquiez notamment – ont fermement prôné le « ni-ni » en vigueur depuis quatre ans. Nicolas Sarkozy, pour sa part, a tenté un nouveau mot d’ordre (non au FN, mais liberté de vote), avant d’être carrément mis en minorité par le bureau politique de son parti, qui a imposé le « ni FN ni PS ».
Marine Le Pen a privé ses adversaires de la condamnation « morale » prononcée contre l’extrême droite depuis la Libération