Le Télégramme de Brest – 17 février 2015 –
Chaque deuxième dimanche du mois, les groupes de naturalistes arpentent le bocage de Notre-Dame-des-Landes, carte en main.
Depuis deux ans, le collectif des « Naturalistes en lutte » réalise un inventaire des espèces de la Zad, à Notre-Dame-des-Landes. Rien d’officiel mais de quoi mettre à mal les arguments des pro-aéroport.
1.300 invertébrés, 97 espèces d’oiseaux différentes, plus de 200 mares, des papillons, des grenouilles, des reptiles, des loutres… Les 1.200 hectares de la Zad de Notre-Dame-des-Landes (44) regorgent de vie. Une diversité que s’échinent à répertorier les bénévoles du collectif des « Naturalistes en lutte ». Depuis deux ans, chaque deuxième dimanche du mois, ils sont des dizaines d’experts, universitaires, salariés d’associations de protection de la nature ou de bureaux d’études, de naturalistes amateurs, à arpenter le bocage. Leur mission : repérer, compter, cartographier et alimenter les bases de données pour créer un véritable inventaire de cet espace « unique », estime François de Beaulieu, de l’association Bretagne Vivante et membre du collectif depuis sa création.
Véritable contre-expertise
Un inventaire aux airs de contre-expertise. « Beaucoup de nos arguments ont servi pour les recours au tribunal administratif qui vont être jugés dans les semaines à venir », indique François de Beaulieu, qui insiste sur le fait que tout est vérifiable. « Et nos recherches ont permis de révéler quelques incohérences des bureaux d’études. Quand, eux, répertorient 8 ha de prairies humides naturelles, nous en trouvons 35. Quand ils trouvent deux espèces protégées, on en compte cinq… ». Ces « décalages », l’écologiste les explique par le manque de temps accordé aux experts des bureaux d’études pour mener à bien leurs recherches. Avec cet inventaire, le collectif des naturalistes souhaite également prouver que ce milieu ne pourra jamais être recréé ailleurs. « Les mesures compensatoires promises ne sont pas applicables ». En effet, la Zad de Notre-Dame-des-Landes est un milieu à part. Depuis 1974, et le début du projet d’aéroport du Grand Ouest, c’est une zone totalement gelée qui n’a pas été transformée. « Et notamment pas par l’agriculture intensive. C’est un véritable laboratoire à une échelle exceptionnelle. Il y a, là-bas, un équilibre réel entre la nature et les habitants ». Ce travail bénévole, s’il n’a pas de valeur légale, devrait, en tout cas, peser dans ce dossier. François de Beaulieu en est convaincu : « Après l’économique et le politique, c’est l’argument environnemental qui mettra, ou non, un point final à ce dossier ».