Rompue, des décennies durant, à une violence aveugle envers toute forme d’opposition, même légère, la Birmanie aurait-elle renoué avec ses bas instincts ?
Mardi, la police a réprimé à coups de matraque une marche étudiante qui se tenait à Letpadan (centre), à environ 140 kilomètres au nord de Rangoun, la capitale économique du pays, relate The Irrawaddy.
Plus de 120 interpellations ont été menées. A l’origine de ces heurts, l’opposition grandissante des étudiants à une réforme de l’éducation adoptée par le Parlement à la fin de septembre et qu’ils jugent antidémocratique. Depuis plusieurs mois, ils réclament en vain la décentralisation du système éducatif et, ipso facto, davantage d’autonomie, notamment la possibilité de créer des syndicats, note l’International Business Times.
Après les incidents de Letpadan, l’Union européenne n’a pas tardé à réagir, déplorant « l’usage de la force contre des manifestants pacifiques » (Al-Jazira). Quant à l’ONG Amnesty International, elle a fustigé une « réaction complètement disproportionnée » de la part de la police locale.
Une « brutalité » également dénoncée sans ambages par Thein Lwin, du Réseau national pour la réforme de l’éducation (NNER). Pour le Christian Science Monitor, cette volonté de musellement du peuple affichée par les autorités témoigne des limites de la liberté d’expression. Elle rappelle aussi le triste passé autoritaire du pays, lorsque celui-ci vivait sous la botte d’une junte toute-puissante, ajoute la BBC.
L’élection, au printemps 2011, du premier gouvernement civil, dirigé par Thein Sein, avait laissé entrevoir, sinon une révolution copernicienne, du moins un assouplissement démocratique. Quatre ans plus tard, conclut Voice of America, d’aucuns pensent que le pays, en partie affranchi du poids des sanctions occidentales, glisse de nouveau subrepticement vers l’abîme du despotisme…
Le Monde 12 mars 2015
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Frédéric Baylot
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