« On peut comprendre, dans cette période où le chômage des jeunes atteint un niveau record, où la question de leur accès à l’emploi se pose avec tant d’acuité, où le système éducatif peine à remplir sa mission, que les pouvoirs publics aient d’autres priorités que l’enseignement du latin et du grec à l’école.
On peut d’autant plus le comprendre qu’il n’est pas possible d’expliquer en quelques mots l’utilité et l’intérêt qu’il y a, pour un lycéen ou un collégien, à apprendre le latin et le grec. Et qu’à l’heure du ‘prêt-à-penser’ et de la superficialité triomphante (notamment sur les écrans TV, sur les réseaux sociaux et autour des terrains de sport), le défenseur des ‘humanités’ passe, au choix, pour un trouble-fête (…) ».
Et pourtant, il faut le dire et le redire : l’abandon progressif de l’enseignement de ces langues anciennes, depuis plusieurs décennies, constitue une erreur majeure. Et la dernière réforme annoncée par le ministère de l’Education nationale sur ce sujet s’inscrit bel et bien dans le droit fil de ces renoncements successifs. Sous couvert d' »interdisciplinarité » et d’ouverture accrue, elle va conduire au saupoudrage et reléguer un peu plus ces matières au rang de disciplines subalternes, optionnelles… et au final inutiles. D’autant qu’elle sera conduite, pour une bonne part, par des enseignants qui n’auront eux-mêmes pas étudié le latin et le grec…
Rappelons que ces deux langues dites « mortes » sont en réalité bien vivantes : la langue française que nous utilisons aujourd’hui, est pour une large part – au moins 70 % – l’héritage direct du latin (surtout) et du grec. Autrement dit, apprendre le latin ou le grec, c’est améliorer son niveau de français. Mieux encore : c’est se faciliter grandement l’apprentissage d’autres langues, et en particulier celui des langues latines (espagnol, portugais, italien, roumain...). Bref, loin d’être une façon de se couper des réalités d’aujourd’hui, c’est un moyen de s’ancrer dans la mondialisation.
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Le 07/04/2015