Parler des Intermittents du spectacle à la ministre – J’étais nu aux Molières devant Fleur Pellerin : une folie, j’étais mort de trac

 L’Obs le 29-04-2015 Par Sébastien Thiéry Auteur et comédien

LE PLUS. Vous n’avez pas pu louper ça : le 27 avril, sur la scène des Molières, Sébastien Thiéry a interpellé Fleur Pellerin… dans le plus simple appareil. Il raconte comment l’idée a germé, et pourquoi être nu a encore un sens pour exprimer son opinion.

Sébastien Thiéry s’est mis nu sur la scène des Molières. (CAPTURE FRANCE 2)

Le 27 avril, je me suis mis nu sur la scène des Molières. C’est Nicolas Bedos qui m’a contacté et qui m’a demandé si j’étais prêt à faire cette folie. C’était tellement improbable que j’ai accepté.

 L’idée lui est probablement venue parce que j’ai écrit une pièce qui a plutôt bien marché, « Deux hommes tous nus », avec François Berléand.

J’ai énormément travaillé mon texte

 Évidemment, j’étais mort de trac ! J’ai beau m’être déjà mis nu sur scène, ça n’avait rien à voir. J’ai énormément travaillé mon texte parce que je craignais de perdre mes moyens devant cette salle remplie par toute la profession.

 Me retrouver sur scène perdu, tout nu sans retrouver mes mots, en direct à la télé, quel cauchemar…

 Je trouve ça bien que France 2 n’ait pas flouté mon sexe, même s’il n’est pas si intéressant à regarder. Cela montre que l’on peut encore se permettre quelques écarts sur une chaîne hertzienne.

 Quand on regarde la télé aujourd’hui, on tombe sur des choses bien plus vulgaires que le corps d’un homme nu…

 Fleur Pellerin n’est pas venue me voir après ma prestation, je pense qu’elle a compris que c’était avant tout humoristique.

 La nudité seule n’est pas intéressante

 J’ai entendu certaines personnes déclarer que se mettre nu n’était pas si subversif que cela. Je suis d’accord. Ce qui est intéressant, c’est la nudité avec un texte vindicatif, pas la nudité toute seule. Et puis étant donné le buzz que cela produit, il faut croire que cela interpelle encore quelques personnes.

 Le principe des Molières, du moins cette année, c’était d’être politiquement incorrect. Il me semble que j’ai été dans le ton de la soirée initiée et écrite par Nicolas Bedos.

 Du lard ou du cochon

 Après les réactions que j’ai entendues le lendemain matin, je me rends compte que les gens n’ont pas tous interprété mon discours de la même façon.

 Certains ont pensé que j’étais un vrai syndicaliste, d’autres que je me moquais d’eux… C’est le but que je recherchais, comme dans mes pièces d’ailleurs, faire rire avant tout, et essayer de dire des choses sans qu’on sache si c’est du lard ou du cochon.

  Propos recueillis par Audrey Kucinskas