Un rapport américain cite quatre États pétroliers qui alimentent le budget de l’État islamique

Le Canard Enchaîné – 29 avril 2015 – Claude Angeli –
Remis au congrès américain, un rapport cite les pays d’origine de ces donateurs : quatre États pétroliers.
Installés en Syrie et en Irak, les djihadistes de Daech sont de véritables paniers percés, et leur « budget » est en déficit, comme celui d’un vulgaire pays européen. C’est l’une des remarques formulées par le Congressional Research Service (CRS), qui a remis, le 20 avril, un rapport de 32 pages au Congrès des États-Unis.
Chargés du renseignement et de l’analyse géopolitique, les experts du CRS ont accès aux informations et aux documents de plusieurs services secrets, américains et alliés. Ce qui leur permet de mentionner, parmi les ressources « budgétaires » de l’État islamique, une aide importante venue de l’étranger, grâce à l’intervention de personnalités qu’ils qualifient de « donateurs extérieurs privés » d’Arabie saoudite, du Qatar, des Émirats arabes unis et du Koweït. Quatre excellents alliés de Washington et de Paris qui acceptent de contribuer ainsi à la bonne marche du djihad ? Car ce serait faire injure aux dirigeants de ces monarchies pétrolières de croire  qu’ils ignoraient, qu’ils ignorent encore, les faveurs financières que certains de leurs généreux sujets accordent aux méchants djihadistes. 

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Le rapport du CRS contient aussi quelques précisions chiffrées. Ainsi, les chefs djihadistes envisageraient de dépenser, en 2015, quelque 250 millions de dollars pour leurs opérations militaires sur les fronts syriens et irakiens. Un détail : selon les responsabilités exercées, le combattant reçoit une solde 400 à 600 dollars. 

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Quant à la deuxième ville d’Irak conquise en juin 2014, Mossoul, il faut dépenser l’équivalent de 1 million de dollars par jour pour qu’elle soit la digne « capitale » de l’État islamique. Et, c’est une tradition djihadiste, les aides à la population et les services sociaux ne sont pas négligés.
Trafic d’or noir
Dans la colonne « recettes », les experts du CRS signalent que des intermédiaires, notamment turcs, permettent d’exporter clandestinement du pétrole et du gaz, ce qui rapporte plusieurs millions de dollars par semaine au « trésor » du djihad. Autre source de revenus : les trafics d’antiquités, les rançons et les taxes religieuses sous forme d’impôt. Rien que de très banal, et rien qui devrait surprendre des élus ou des politiques américains ou français.
En revanche, la permanence des informations relatives aux étranges financements des organisations djihadistes et le renouvellement des accusations portées contre des États – Arabie saoudite et Qatar, par exemple – mériteraient davantage d’attention. « Une commission d’enquête parlementaire serait pourtant la bienvenue« , affirme un diplomate qui a mauvais esprit. Une enquête qui risquerait de nuire à nos relations politiques et commerciales avec ces respectables clients de la France ? Ce n’est pas sérieux.     

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