Hollande au régime matrimonial

Le Canard Enchaîné  – 13/05/2015 – J.-M. Th. – 

Il n’y en a que pour elles : Ségolène Royal, Julie Gayet, Valérie Trierweiler, dans l’ordre, et sans protocole, du volume de pagination. Dix pages dans « VSD », sept dans « l’Obs », six dans « Paris-Match », deux couvertures d’hebdos, un article dans « Le Figaro ». La politique a beau s’arrêter à la porte de la chambre à coucher, elle tend de plus en plus à s’afficher en couple.

Les premières dames du Président sont partout. La France n’est plus en régime parlementaire mais matrimonial. Ségolène Royal, d’ailleurs, n’est plus ministre de l’Écologie mais « vice-présidente« . C’est l’hebdo « l’Obs », qui l’assure : « Les Clinton sont à l’Élysée. » Dans tous les voyages, des Philippines aux Antilles, la « complicité » des deux anciens énarques de la promotion Voltaire « crève l’écran« . Comme les disent les fumeurs de cigares, chassez le Fidel, il revient au Castro.

Royal a désormais rang de numéro 2 de la République, et tant pis pour Valls et Fabius, qui cherchent à lui disputer la vedette sur le climat. Ségo s’en fout : pour elle, c’est le beau fixe. Depuis que Trierweiler lui a laissé le champ libre à son corps défendant, elle a repris toute sa place. « A nouveau fusionnel (…), leur couple dirige la France« , assène « VSD ». « En majesté aux côté du Président« , écrit « Le Figaro », qui voit aussi du « vice » partout. C’est Ségolène qui est apparue la première sur la passerelle de l’avion présidentiel qui venait de se poser, le 8 mai, sur l’île de Saint-Martin. Et qui a descendu les marches avant son présidentiel ex-compagnon. Un « Mme Hollande » a même fusé, le 9 mai, lors d’un bain de foule matinal à Fort-de-France.

François Hollande et Ségolène Royal, le 9 mai 2015 à la Martinique. (ALAIN JOCARD / POOL

En embarquant Hollande à La Rochelle à ses côtés, pour inaugurer l' »Hermione », Ségo a lavé l’affront du tweet par lequel Valérie Trierweiler avait tenté de la jeter aux galères, en juin 2012. A l’heure de la sortie en poche de son magnifique « Merci pour ce  moment », la journaliste de « Match », déchue, elle, n’a droit qu’à quatre pages dans « VSD », photographiée sur un vélo chancelant.

Ségo, la complice de quarante ans, la mère de ses quatre enfants, est-elle l’avenir du Président ? Elle jouit d’une popularité dont elle pourrait lui faire bénéficier, dans la perspective d’une réélection en 2017, prédisent les oracles.

Et Julie Gayet ? L’actrice, elle, était au musée du Bardo, à Tunis, pour défendre la liberté d’expression. Six pages, dans « Paris-Match » où allusion n’est jamais faite à François Hollande. « La madone des festivals méconnus, apôtre des manifestations culturelles délaissées« , laisse tomber cette confidence : « J’adore le foot. » François aussi. En matière de complicité, tout est dit.