Le petit écran se plaît à multiplier les concours. On juge, on jauge, on évalue, on sélectionne, on met en concurrence. On est sous pression, sous surveillance, parfois moqué, ridiculisé, humilié…

Photo : AFP PHOTO / JOEL SAGET
Top chef » et « Masterchef », deux émissions de télé-réalité culinaires procédant par élimination pour couronner un candidat. Dans le même registre, le téléspectateur a eu droit au « Meilleur Pâtissier » et à la « Meilleure Boulangerie de France ». Côté télé-crochet, « The Voice » ou « Nouvelle Star » attirent chaque fois plus de téléspectateurs. Et qu’est donc « Koh-Lanta », sinon le meilleur Robinson Crusoé ? Le petit écran se plaît à multiplier les concours, à faire la part belle à son champion. Suivant un même modèle qui voit s’affronter des candidats, aujourd’hui tout y passe : le meilleur couturier ou la meilleure couturière (« Cousu main ») ; le meilleur hôte (« Bienvenue chez nous ») ; les meilleures noces (« Quatre Mariages pour une lune de miel ») ; la meilleure mère (« Une maman formidable »). Maintenant, sur M6, c’est un nouveau Robinson qui s’annonce avec « The Island ».
Si l’on est loin de « Loft Story », livrant à l’écran l’oisiveté de candidats au rien, à la béance, ces programmes vendent de la compétition à tous les étages. C’est la course à la note : on juge, on jauge, on évalue, on sélectionne, on met en concurrence. On est sous pression, sous surveillance, parfois moqué, ridiculisé, humilié. Pour finir, on est éliminé, aussi rapidement que par un licenciement sec, entre soi. La télé s’en délecte. Tout cela ressemble au monde de l’entreprise. Mais ici, sous couvert de jeu, estiment les concepteurs. Encore faut-il prendre tout cela avec une pointe de légèreté, de distance et d’ironie. Car chaque téléspectateur possède son propre regard.