Des révolutions silencieuses pour une planète plus juste, pérenne et inventive !

France Info – 28/05/2015 – Olivier De Lagarde / « Un monde d’idées »

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C’est un livre qui prône, non pas « LA » révolution, mais « DES » révolutions. Des révolutions silencieuses pour une planète plus juste, pérenne et inventive. Ce livre s’intitule « Sans plus attendre » aux éditions Ker. Prix 18 € 
En ouvrant les yeux sur le monde, un seul constat semble s’imposer : l’apocalypse nous menace, dans toutes les directions. Mais l’apocalypse, au sens premier du terme, est d’abord une révélation. Ce que ces crises multiples nous révèlent, c’est qu’un autre monde est possible. Nous sommes à l’heure d’une nouvelle et indispensable Renaissance. De par le monde, une multitude de révolutions silencieuses, discrètes, sont initiées par des citoyens, par des entreprises, par des responsables locaux. Les enjeux ? Une planète plus juste, pérenne et inventive. Sans plus attendre ! propose une nouvelle vision de l’humanité fondée sur le respect : celui de la dignité humaine et celui des écosystèmes.
En trois parties consacrées à l’autonomie alimentaire et énergétique, à l’émergence d’une économie régénératrice et à la nécessité d’un enseignement orienté vers la créativité, Guibert del Marmol évoque les technologies d’avenir et des pistes concrètes ; mais au-delà, il s’agit de provoquer un saut de conscience individuelle et collective. Car il est possible de marier science et conscience pour offrir un avenir serein et lumineux aux générations futures. Nous en avons les moyens… mais nous ne pouvons plus attendre !
sans-titreGuibert del Marmol, économiste de formation, a dirigé plusieurs entreprises internationales. Aujourd’hui, il est conseiller, auteur et conférencier spécialisé dans le domaine de l’économie régénératrice. Il forme aussi les dirigeants aux pratiques d’un leadership inspiré et inspirant en mariant sagesses anciennes et technologies modernes.
L’interview de Guibert del Marmol  par Olivier De Lagarde : 
Olivier De Lagarde : Vous êtes économiste de formation, ancien dirigeant d’entreprise et aujourd’hui spécialiste dans « l’économie régénératrice ». Votre point de départ est un constat relativement sombre. Nous sommes englués dans des crises, qu’elles soient financières, économiques, climatiques et morales, expliquez-vous; et pourtant de ce fait, nous avons peut-être la possibilité rarissime de changer le cours des choses. Notre époque, écrivez-vous, ressemble au Trecento italien*. 
Guibert del Marmol : Je crois que potentiellement, nous sommes aux portes d’une nouvelle période de renaissance. Le système peut s’effondrer très vite, comme l’a démontré le Club de Rome**, les études du MIT (Massachusetts Institute of Technology) ou celles de Stanford University plus récemment. Mais nous avons la possibilité de faire émerger un nouveau modèle beaucoup plus pérenne. Ce ne sont les nouvelles que l’on voit à la Une des médias habituellement. On voit ce qui brûle, mais on ne voit pas ce qui est en train de pousser. Donc, au travers de ce livre, j’ai essayé de montrer une vision de quelque chose qui est en train de naître, en train d’émerger. 
ODL : Les solutions à nos problèmes sont moins à chercher dans de nouvelles technologies que dans un « saut de conscience », dites-vous ?
GDM : Je pense que nous avons la capacité de régler tous les problèmes d’un point de vue technologique, mais l’enjeu c’est vraiment le « saut de conscience ». Un des plus grand défi auquel notre époque est confrontée, c’est le fossé entre notre développement technologique et notre développement spirituel. Cela n’a rien à voir avec la religion. Albert Einstein disait déjà « L’avancée des sciences n’est rien sans l’avancée de la conscience ». Nous avons la capacité de régler énormément de problèmes, mais la question est de savoir : est-ce que ces avancées technologiques dont on nous parle aujourd’hui seront mises au service d’un mieux commun ou bien des forces du marché ?   
ODL : Alors, vous nous proposez pour sortir de la nasse trois révolutions que nous allons passer en revue ensemble. Première d’entre elles, retrouver une autonomie alimentaire et énergétique. Il faudrait revenir à des « économies autarciques » ?
GDM : Pas d’autarcie, car cela veut dire se couper du monde. L’autonomie, c’est répondre à ses propres besoins fondamentaux, mais en restant connecté au monde. Mais je parle d’une autonomie alimentaire et énergétique indispensable car ce sont deux piliers fondamentaux de toute société qui permettent aux gens tout simplement de vivre. Alors vous me direz que c’est peut-être un vœu pieux, mais je ne le crois pas. C’est en train d’arriver, il y a urgence à ramener au plus proche la production alimentaire et la consommation.
Un constat très simple : vous prenez une ville comme Paris, vous coupez les chaînes logistiques et en quatre jours il y a carence dans les magasins. Donc c’est un  réel problème, qui n’est pas propre à Paris mais à toutes les grandes villes. Il faut savoir qu’aujourd’hui, plus de 50% de la population mondiale habite dans les villes. Donc il y a énormément de maires de ces grands villes qui sont en train de réfléchir à comment peut-on rapprocher la production alimentaire de la consommation des villes. C’est tout le développement dont on parle aujourd’hui, entre autres de l’agriculture urbaine ou au travers de fermes verticales, de la réappropriation d’espaces publics que l’on destinera à du maraîchage ou autres, à repenser les ceintures vertes atour des villes en micro-fermes. Certaines villes comme Ottawa au Canada, entre autres, envisagent déjà, d’ici 2020 de pouvoir produire 40% de leurs besoins alimentaires.
ODL : Alors pour la production agricole, on voit à peu près à quoi cela pourrait ressembler. Mais pour l’énergie, le pétrole, il ne se trouve quand même que dans certains pays et pas partout ?
GDM : Oui, mais si vous allez voir su côté de la Silicone Vallée en Californie, vous verrez qu’ils sont déjà dans le prochain monde. Pour eux, le pétrole, quelque part, c’est déjà fini. Ils ont fait un calcul très simple qui dit : nous consommons en une journée ce que la Terre met 10 000 jours à produire, c’est l’énergie fossile. Or, tous les jours, le soleil nous envoie 400 fois plus d’énergie qu’on en consomme. Donc la solution est quelque part au niveau du solaire et de ses applications. Alors les gens disent : « on y arrivera pas ! » Si, on y arrivera parce qu’il y a des ruptures technologiques qui sont en train d’émerger, que ce soit les nanotechnologies, que ce soit l’imprimante 3D ou un matériau que l’on appelle le graphène***, entre autres choses, et qui vont permettre une progression extrêmement rapide au niveau du solaire.
Au large de l’Écosse, il y a une île qui s’appelle Eigg Highland qui déjà produit plus d’électricité qu’elle n’en consomme. Ceci au travers de trois faisceaux : éolien hydrolien et solaire. Même chose au Danemark : éolien, biomasse et solaire. C’est donc possible.

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Troisième point : En ce moment, dans tous les pays, on réforme l’enseignement public. A cela deux raisons : comment instruire nos enfants pour qu’ils trouvent leur place dans l’économie du XXIème siècle, et ce, alors que nous sommes incapables de savoir à quoi ressemblera l’économie la semaine prochaine; et puis la seconde raison : comment les pays peuvent-ils éduquer leurs enfants pour qu’ils acquièrent une certaine identité culturelle. Le problème, c’est que ces gens comptent affronter l’avenir en utilisant les méthodes du passé et ce faisant, ils laissent de côté des millions d’enfants qui ne voient pas l’intérêt d’aller à l’école.
Or, nous devons envisager autrement les capacités humaines, dépasser cette vieille scission entre compétence intellectuelle et non intellectuelle. Ce n’est qu’une abstraction, une théorie, un mode de sélection, regardons les choses en face : c’est un mythe. Ensuite nous devons reconnaître que la plupart des acquisitions de base se font en groupe, que la coopération alimente le développement. Si nous séparons les gens et si nous les jugeons individuellement, nous les séparons de leur environnement éducatif naturel.
Tout repose donc sur la culture de nos institutions, sur leurs habitudes et sur le milieu dans lequel elles fonctionnent…
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* Le Trecento correspond au XIV siècle italien ; s’y déroule le mouvement appelé Pré-Renaissance.     
**Le Club de Rome, fondé en 1968, est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 52 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement.   
***Le graphène est un matériau bidimensionnel cristallin forme allotropique du carbone dont l’empilement constitue le graphite. Ce matériau possède le record de conduction thermique.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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