Compteurs électriques obligatoires « Linky » : 5 milliards pour du brouillard

Magazine alternatif « L’âge de faire » N°98 – juin 2015 – Nicolas Bérard
Compteurs Linky : la vaste blague
Le 26 mai, les députés ont voté en faveur de la généralisation des compteurs électriques dits « intelligents », appelés Linky. EDFR s’apprête donc à remplacer les 34 millions de compteurs du pays, pour un coût estimé à au moins 4 milliards d’euros. Selon le gouvernement, il n’y a néanmoins aucun raison de s’y opposer (1), même si ce sont les consommateurs qui paieront la facture (au moins 150 euros par foyer). Ces compteurs doivent permettre une meilleure gestion du réseau électrique. Autres avantages annoncés : la fabrication et l’installation de ces compteurs « intelligents » devrait créer 10 000 emplois. Bien sûr, le recueil et la transmission des données récoltées ne présenteront aucun danger. Et la confidentialité des données personnelles des consommateurs sera respectée… Çà c’est le côté pile. Voyons le côté face.
Confidentialité et utilité
acompteur-linkyA quoi serviront les compteurs « intelligents » ? A recueillir de informations. « Ces données permettent de déduire des informations sur les habitudes de vie des consommateurs telles que l’heure du lever et du coucher, le nombre de personnes présentes dans le domicile, les périodes d’absence, ou encore, sous certaines conditions, le volume d’eau chaude consommée par jour« , explique Sophie Nerbonne, directrice de la conformité à la CNIL (2). Or, ces données, que pourront réclamer magistrats et police judiciaire, seraient aussi très facilement piratables par n’importe quel hacker d’eau douce. « A la limite, si ça intéresse quelqu’un de savoir à quelle heure j’allume mon grille-pain… Pour moi, le vrai problème n’est pas là », explique Marc Jedliczka, porte-parole de l’association Négawatt.
Si l’objectif est réellement de réaliser des économies d’énergie ou de développer les énergies renouvelables, ajoute-t-il, il y a d’autres façons d’y parvenir, à un coût bien moindre ou pour des résultats beaucoup plus probants. « Le réseau est pour l’instant aveugle. Pour caricaturer, la source d’information d’ERDF, c’est le téléphone : on appelle quand on n’a plus l’électricité. Il y a donc besoin d’information. Ils pourront ainsi détecter quelques anomalies, comme un radiateur qui resterait allumé. Mais en remplaçant tous les compteurs, on s’équipe d’un bazooka pour écraser une mouche ! »
La rentabilité avant la santé
acompteur-communique-et-le-fournisseur-repercute_referenceSe pose aussi un problème de santé publique. Les données recueillies au sein de chaque foyer sont envoyées à des « concentrateurs », lesquels communiquent avec un centre de gestion par des hyperfréquences de type GSM (comme celles utilisées pour la téléphonie). Aux questions qui leur ont été posées, ministres et députés ont donné une réponse type : « Une expertise menée par le Centre de recherche et d’informations indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criiem) a confirmé qu’il n’y avait pas de risque sanitaire ni de risque d’effets physiopathologiques à craindre.« . « C’est une présentation malhonnête de notre expertise ! » tempête Pierre Le Ruz, président du Criirem. Cette absence de risque concerne uniquement les « effets thermiques » de ces compteurs. Or, pour en subir, il  faut se placer à quelques centimètres d’une antenne relais ou sous une ligne à haute tension. Mais le risque sanitaire à long terme (cancers, électrosensibilité) est bien réel. La Criirem estime en effet qu’il faut se tenir au moins à 2 mètres d’un compteur et au moins à 5 mètres d’un répéteur ou d’un concentrateur pour évider les ondes dangereuses. Mission quasiment impossible en immeuble. Quant à l’environnement extérieur, ces compteurs ne ferons « qu’augmenter le brouillard électromagnétique » qui n’en avait pas besoin. « C’est du délire technologique, estime Pierre Le Ruz. On fait encore passer les problèmes de rentabilité avant les problèmes de santé.« 
ERDF seul gagnant ?
Car le seul bénéficiaire de cette généralisation, finalement, ce serait ERDF… Gâce à Linky, finis les déplacements pour relever les compteurs ou pour couper le courant aux « mauvais » payeurs – ou payeurs démunis, c’est selon. « On estime que cela pourrait faire disparaître 10 000 emplois chez des sous-traitants d’ERDF« , annonce Marc Jedliczka. Récapitulons : l’investissement de 4 milliards d’euros créera 10 000 emplois le temps de la fabrication et de la pose des compteurs, lesquels détruiront 10 000 emplois durables…
(1) D’ailleurs l’amendement de la députée écologiste Laurence Abeille, qui devait permettre aux particuliers de refuser l’installation d’un compteur Linky chez eux, a été rejeté.
(2) Commission nationale de L’Informatique et des libertés

Le 10 février 2011, jour de l’intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) bouscule le calendrier prévisionnel du Linky en lançant en procédure accélérée l’appel d’offres concernant l’Étude technico-économique portant sur le projet de système de comptage évolué « Linky » d’ERDF.
En tout état de cause, cette fuite en avant qui s’apparente à un passage en force, ressemble à celles souvent déployées par celui qui a le plus d’intérêts dans cette affaire, le manager et businessman Thierry Breton  ancien ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de février 2005 à mai 2007

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