Sarkozy – Son 18 juin à lui, pour chasser les socialistes : pathétique / Les Républicains : Juppé prend déjà ses distances avec Sarkozy

L’Obs Le Plus 30-05-2015 Par Thierry de Cabarrus Chroniqueur politique
Sarkozy et l’appel aux Républicains: il se prend pour de Gaulle. C’est drôle et pathétique
4411405277319LE PLUS. À la veille du congrès de l’ex-UMP, Nicolas Sarkozy a lancé « un appel aux Républicains«  sur les réseaux sociaux, via une image qui ressemble à l’affiche du général de Gaulle, diffusée pendant l’Occupation sur les murs de France. Une allusion indigne pour notre chroniqueur Thierry de Cabarrus, qui trouve notre ancien président bien ridicule.
Nicolas Sarkozy est bien le Fregoli de la politique.( voir Vikipedia ) Après son stand-up au meeting du Havre où il a joué les Jean-Marie Bigard, soucieux de déclencher les rires et les applaudissements en faisant l’amuseur sur le dos de François Hollande, voilà qu’il se met sur la tête… le képi aux deux étoiles du général de Gaulle.
 Son 18 juin à lui, pour chasser les socialistes
 Sauf que ce couvre-chef à l’évidence trop grand pour lui, lui tombe sur les yeux, le rendant à la fois aveugle et ridicule, alors que cette fois, à l’évidence, il aurait voulu qu’on le prenne au sérieux.
 Voilà donc le général Sarkozy qui lance son « appel du 29 mai » par voie d’affiche virtuelle, en prenant soin de mettre en ligne sur Twitter un texte qui ressemble, comme deux gouttes d’eau par la forme (le choix rétro des caractères, le liseré tricolore) mais aussi vaguement par le fond, à l’affiche qui avait été placardée la nuit sur les murs de France par les résistants au péril de leur vie, au lendemain de l’appel du 18 juin.

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Appel à tous #lesRépublicains de France pic.twitter.com/YuW1Z2UhIY – — Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 29 Mai 2015
Nicolas Sarkozy serait donc, nous dit-il en sous texte, cet officier rebelle qui, sous la bannière de son nouveau parti « Les Républicains », voudrait faire se lever l’armée de « tous les Républicains de France » pour chasser du pouvoir les socialistes, coupables à ses yeux de « faire reculer tous les jours la République ».
 Clairement, sous couvert de rassembler avec son « cri de ralliement », Nicolas Sarkozy s’adresse aux déclinistes de tous poils qui, à l’instar d’Eric Zemmour, regrettent cette France d’avant, quand la France était un empire et qu’elle n’avait rien à craindre de la mondialisation, de la grande méchante immigration et de l’islam.
 Le fantasme de la troisième guerre mondiale
 Nicolas Sarkozy, une fois de plus, joue sur les peurs et sur les fantasmes. Pire, il ose, avec cette affiche irresponsable, comparer ces temps certes peuplés d’incertitudes que nous traversons (sur les plans économique, politique, voire identitaire) mais ces temps de paix tout de même, avec la terrible période de la Seconde Guerre mondiale, quand la France était occupée, humiliée, martyrisée par les nazis. Quand des millions de personnes étaient exterminées à cause de leurs origines et de leur religion.
 La guerre qu’entend mener Nicolas Sarkozy rappelle évidemment cette « troisième guerre mondiale » que Christian Estrosi annonçait récemment de manière péremptoire et scandaleuse : bataille contre le terrorisme certes, mais aussi contre « la cinquième colonne islamiste de France » qui aurait déclaré la guerre à « la civilisation judéo-chrétienne et à la France ».

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Alors qu’il est ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy reçoit Tom Cruise. L’acteur dit avoir été invité par Nicolas Sarkozy, alors que ce dernier parle d’une visite spontanée. C’est plutôt embarrassant, d’autant plus que l’acteur est ouvertement scientologue.  ( CAPTURE INA)
À l’évidence, Nicolas Sarkozy est d’accord avec lui et il n’a pas besoin de désigner l’ennemi quand, de l’extrême droite à la droite, chacun montre du doigt les immigrés et cette religion de l’islam qui n’aurait d’autre but que de détruire nos modes de vie et notre culture, par exemple, en imposant le voile à l’université et les repas sans porc dans les écoles.
 L’ennemi, c’est l’immigré et son complice, celui qui collabore avec lui, c’est le socialisme au pouvoir, et donc François Hollande à l’Élysée et Manuel Valls à Matignon qui, tous deux, auraient une vision laxiste de la loi de 1905 sur la laïcité.
 Une affiche virtuelle finalement très « bling bling »
 Nicolas Sarkozy n’a cure de l’aspect bancale, absurde et outrancier de sa comparaison entre deux époques (heureusement) si dissemblables, et dont le but unique est, non pas de rassembler « tous les Républicains » pour sauver la France, mais bien d’unir tous les anciens UMP à son seul profit de futur candidat à la présidentielle de 2017.
 Pour lui, ce qui compte, c’est que ça ronfle, que ça brille, et surtout, que ça frappe les esprits, à commencer par ses propres fans et par les nostalgiques du gaullisme et de la grandeur soi-disant perdue de la France.
En un mot, cette affiche qui se veut austère et grave par son aspect, à l’image du général de Gaulle, est sans doute à l’arrivée un gimmick de circonstance, un truc particulièrement « bling bling » à l’image du président de l’ex-UMP qui ne s’embarrasse pas de complexes quand il s’agit de défendre ses propres intérêts.
 Une prise en otage de l’histoire
 C’est ainsi que l’on comprend pourquoi Nicolas Sarkozy était absent le 26 mai dernier, pendant les cérémonies du Panthéon, quand François Hollande rendait hommage à quatre grandes figures de la Résistance. Il était occupé ailleurs, à répondre, sur le même terrain de jeu qu’est à ses yeux la République, à son ennemi socialiste.
 Certains commentateurs ont reproché ce jour-là à François Hollande d’utiliser l’histoire de France à son profit, en faisant allusion à la fois à sa réforme du collège (à travers l’évocation de Jean Zay) et au péril que représente de nos jours l’extrême-droite.
Mais que diront-ils alors de la récupération, voire même de la privatisation, par Nicolas Sarkozy, du terme de « Républicains ». Et que diront-ils aussi de l’exploitation à des fins purement personnelles de cette autre partie de l’histoire de France qu’est l’appel du général de Gaulle ?
Édité par Henri Rouillier
Sur le web : “Le Clash politique”. Les Républicains : du neuf avec du vieux ?
 Les Républicains : Juppé prend déjà ses distances avec Sarkozy

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Sud-Ouest 01/06/2015 Jefferson Desport
Dimanche, Alain Juppé a pris clairement ses distances avec Nicolas Sarkozy. Leur duel est lancé Les sifflets essuyés samedi, lors du congrès refondateur de l’UMP, ont-ils fait déborder le vase ? Et poussé le maire de Bordeaux à reconnaître tout haut ce que les sondages ne cessent de montrer ? À savoir que si Nicolas Sarkozy est incontestable dans l’appareil, lui fait route au large. Loin du parti et de ses réflexes les plus grossiers.
Invité, dimanche matin, du « Grand Rendez-vous Europe 1-iTélé-“Le Monde” », Alain Juppé a, en effet, pris acte de cette réalité. Ne cherchant même plus à sauver les apparences d’une quelconque union de façade, aussi fraîchement repeinte soit-elle : « Nicolas Sarkozy a le parti, moi, pour l’instant, j’ai l’opinion et j’organise ma petite PME. Parfois, il arrive que des PME performantes soient plus efficaces que de grandes entreprises du CAC 40 »
Les soutiens de Nicolas Sarkozy ne manqueront pas d’y voir là une marque de mépris et d’arrogance. Toutefois, au-delà des bouffées d’orgueil des uns et des autres, ne devrait-on plutôt pas parler de rupture que de divergence stratégique ?
Alors que samedi, lors de son discours devant les militants, Alain Juppé n’a cessé de prendre ses distances – les communicants diront de la hauteur… – avec la ligne politique de l’ancien président de la République, il a été plus explicite encore hier devant la presse. « La tonalité de certains discours m’a paru un peu vigoureuse, un peu excessive. » Message transmis à Laurent Wauquiez, le tenant d’une droite toujours plus décomplexée. Et à Nicolas Sarkozy, qui, lui, samedi, n’a pas hésité à dénoncer « la terrifiante médiocrité » de François Hollande.
Des propos que ne cautionne pas Alain Juppé : « J’ai dit que j’étais un homme de droite ouvert et pas sectaire. Un certain vocabulaire qui fait monter un peu trop la pression, qui attaque les personnes, ce n’est pas mon genre de beauté »
« Ce serait une catastrophe »
Plus ennuyeux, le maire de Bordeaux a même jugé nécessaire de doubler ses critiques d’une sévère mise au point concernant la primaire de 2016. S’il a de nouveau rappelé qu’il n’y participerait pas si elle n’était pas ouverte à la droite et au centre, il a surtout ajouté un « c‘est pas gagné » qui en dit long sur ses doutes quant au respect de cet engagement. Une disposition qui figure pourtant noir sur blanc dans les statuts du parti. « Si le match c’est la primaire des Républicains entre Le Maire et Sarkozy, ça ne marchera pas », prévient-il.
Quelques heures plus tard, Nathalie Kosciusko-Morizet, l’ex-numéro 2 de l’UMP, abondait en son sens. Dénonçant les sifflets de samedi, elle a tout simplement mis en garde les sarkozystes contre une absence d’Alain Juppé à la primaire : « Ce serait une catastrophe pour tout le monde ».
Les prochains jours risquent donc d’être tendus. D’autant plus que les juppéistes veulent que le comité d’organisation de ce grand rendez-vous démocratique prévu pour novembre 2016 soit mis en place avant fin juillet. Hier, Alain Juppé a donc mis les deux pieds dans le plat. Mais le simple fait de procéder ainsi prouve une chose : la fameuse « confiance » que Nicolas Sarkozy rêve de rétablir avec les Français ne règne déjà plus dans sa toute nouvelle maison des Républicains.
Sarkozy : « Je n’entrerai pas dans ce jeu-là »
Hier soir, sur le plateau du 20 Heures de France 2, Nicolas Sarkozy a « regretté qu’il y ait eu quelques sifflets » lors du discours d’Alain Juppé, dont il a affirmé qu’il « est un homme de grande qualité qui fait honneur à notre famille politique ». Puis, en réponse au maire de Bordeaux, qui avait lancé dans la matinée un avertissement sur les contours de la primaire (lire ci-dessus), le président des Républicains a éludé : « Le moment de la primaire viendra en septembre 2016. D’ici là, il y a les souffrances des Français. Il a fallu gagner les élections départementales, il y a les régionales qui viennent, je ne rentrerai pas dans ce jeu-là », a-t-il averti.
« Les ambitions de chacun »
« Pendant trois ans, cette famille politique s’est déchirée, divisée, affrontée. […] Considérez que depuis six mois, l’unité est revenue. Est-ce à dire que l’unité met fin aux ambitions de chacun ? Non, c’est tout à fait normal, il n’y a pas de problème », a-t-il déclaré.
En se faisant élire à la présidence du parti, il a voulu « changer le mode de fonctionnement, la démocratie interne […] et fixer une ligne : la République de la confiance », et « aller au-delà du simple débat droite-gauche dont on voit bien qu’il n’épuise pas l’ensemble des questions ».
À la question de savoir s’il se présenterait en 2017 dans le cas où il serait mis en examen dans une des affaires judiciaires où son nom apparaît, M. Sarkozy a répondu : « Est-ce que vous n’avez rien appris de ce qui vient de se terminer avec l’affaire Bettencourt ? Pendant toute la campagne présidentielle, Mme Aubry, François Hollande ont insulté Éric Woerth. À l’arrivée, qu’est-ce qu’il reste ? Rien. »

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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