Sarkozy sur France 2 : Juppé, affaires… Les bonnes questions (sans réponses) de Julien Bugier ( L’hommage des internautes à ce journaliste sur Twitter )

 L’Obs Le Plus 01/06/2015 Par Thierry de Cabarrus Chroniqueur politique

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LE PLUS. Julian Bugier remplaçait Laurent Delahousse  au JT de France 2. Il a montré tout son talent (et son courage) d’intervieweur face à Nicolas Sarkozy en posant les bonnes questions.

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Pour notre chroniqueur Thierry de Cabarrus, c’est une leçon de pugnacité pour ses confrères de la télévision.

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Capture d’écran francetvinfo de Nicolas Sarkozy sur le plateau du JT de France 2, le 21 janvier 2015. (FRANCE 2)
J’ignore si Nicolas Sarkozy fait des listes noires, à l’instar de Poutine, mais au cas où, Julian Bugier doit s’attendre à y figurer en bonne place, aux côtés d’Arlette Chabot et de Thomas Sotto, pour le cas où le président du mouvement « Les Républicains » reviendrait au pouvoir dans deux ans.
 Car le moins que l’on puisse dire, c’est que la doublure de Laurent Delahousse au JT de France 2 ne s’est pas laissé impressionner par son invité dimanche 31 mai et que, contrairement à un certain nombre de ses confrères de la télévision dans des circonstances identiques, il a su poser les bonnes questions
Les questions qui dérangent
 Les bonnes questions, ce sont évidemment celles qui dérangent, celles que chacun, devant son poste, attend de voir enfin posées à celui qui pérore tranquillement et très régulièrement à la télévision, malgré ses ennuis judiciaires, malgré ses difficultés à s’imposer à son propre camp.
 Par exemple, la dernière question de l’interview, directe et meurtrière comme une balle de revolver : Nicolas Sarkozy se présentera-t-il en 2017 s’il est toujours mis en examen pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Azibert ?
 Ou cette autre question sur les sondages qui, ça arrive désormais, le placent derrière son rival Alain Juppé.
 Ou encore cette autre question à propos de la pseudo pacification qu’a menée Nicolas Sarkozy à l’UMP à la formulation un peu cavalière :
« Avouez, Nicolas Sarkozy, qu’on a fait mieux en matière d’unité« .
 Sans conteste, Julian Bugier a démontré hier par sa pugnacité, non seulement qu’on pouvait résister au futur candidat à la présidentielle de 2017 sans être aussitôt transformé en statue de sel, mais aussi montrer la partie la plus masquée de l’homme politique qui se contorsionne en face de lui pour éviter les questions qui fâchent. En un mot, faire tout simplement son travail de journaliste avec courage et dignité.
 Loin des jeux de rôle habituels
 Et le résultat de ce travail a été payant puisqu’on a vu un Nicolas Sarkozy déstabilisé par son intervieweur, contraint d’esquiver grossièrement les questions gênantes dans une lumière crue qui ne le montrait pas à son avantage.
 C’est ainsi que les millions de téléspectateurs qui ne rataient pas une miette de ses réponses ont constaté qu’il ne faisait que de l’enfumage, au lieu de dire si oui ou non, il se présenterait quand même à l’élection au cas où il serait toujours mis en examen.
 Répondant sur l’affaire Bettencourt quand Julian Bugier évoquait l’affaire Azibert et le lui faisait remarquer, il a de nouveau préféré noyer le poisson en fin d’interview au point de laisser les téléspectateurs sur un sentiment au minimum de gêne, sinon de colère à l’égard de celui qui ne jouait pas le jeu de la vérité.
Alors, il y avait de quoi énerver Nicolas Sarkozy, contraint de mimer l’offensé en espérant ainsi masquer ses esquives.
 C’était nouveau, cela changeait des jeux de rôle habituels et l’on voyait bien, à la mine agacée de l’interviewé, que ce dernier ne s’attendait pas à une telle résistance de la part d’un professionnel de la télévision.
 Car sans aucun doute, depuis une dizaine d’années, Nicolas Sarkozy n’a guère l’habitude d’être contredit par les journalistes qui le reçoivent dans leurs journaux télévisés ou leurs émissions politiques.
 Il se sent d’ailleurs parfaitement chez lui dans ce paysage audiovisuel français sur lequel il avait fini par mettre la main pendant son mandat présidentiel, lorsqu’il désignait ouvertement les présidents de France Télévisions, ceux qu’il considérait comme les plus malléables, les plus à même de les servir, lui et sa carrière politique.
 Un clash avec Robert Ménard
 Nicolas Sarkozy n’en est pas encore revenu de son erreur, lui qui croyait arriver en terrain conquis, en s’invitant dans le journal télévisé du « petit » Julian Bugier.
Ce gamin à belle gueule venu tout droit des chaînes d’info continu, des stations amies, n’allait pas lui causer d’ennuis. Et s’il osait tenter quelque chose contre lui, une question un peu agressive, une allusion de mauvais aloi, il n’en ferait qu’une bouchée, c’était sûr.
 Sauf que le « beau gosse », celui qui fait se retourner les têtes de ses consœurs avec sa gueule d’ange à la Delon, n’est pas seulement une gravure de mode, genre « sois beau et tais-toi ».
 Nicolas Sarkozy aurait pu le découvrir dans le récent portrait que « Le Tube » sur Canal Plus a consacré à la valeur montante de France 2, et dans lequel on découvrait que Julian Bugier n’a décidément pas la langue dans sa poche. Il suffisait de voir la courte séquence du clash qui a opposé le journaliste à Robert Ménard sur iTELE.
 L’ex patron de Reporters sans frontières commentait une décision de justice (22 ans de réclusion pour l’assassin d’Anne-Lorraine Schmitt) en regrettant qu’il n’y ait plus la peine capitale.
 Une remarque qui a visiblement choqué Julian Bugier qui lui a aussitôt rétorqué sur un ton glacial : « Je ne suis pas d’accord avec vous. Rien ne justifie que l’on enlève la vie à mon sens. Merci Robert ».
Fin de l’échange. Un échange qui , par le buzz qu’il a suscité, a marqué un tournant dans la carrière du jeune journaliste et lui a ouvert les portes de France 2.
 L’hommage des internautes sur Twitter
 Dimanche soir, Julian Bugier a été à la hauteur de sa toute nouvelle réputation de « journaliste-qui-a-une-échine » et Nicolas Sarkozy l’a appris à ses dépens.
 D’ailleurs, pour voir combien sa performance a été appréciée des téléspectateurs, il suffisait de voir comment les internautes lui ont rendu hommage sur Twitter, aussi bien des anonymes que des professionnels des médias :
Hier soir, on s’est aperçu à @France2_Infos qu’il y avait un vrai interviewer face à Sarkozy. Il s appelle @JulianBugier . Respect. — ©Audibert (@fred_audibert) 1 Juin 2015
Très bonne ITW de @JulianBugier. Il est dommage qu’autant de bonnes questions soient restées sans réponse…#NS20H— Renaud Dély (@RenaudDely) 31 Mai 2015
« Serez-vous candidat en 2017 si vous êtes toujours mis en examen ? » – la question de @JulianBugier que @NicolasSarkozy n’a pas digérée. — Jérôme Godefroy (@jeromegodefroy) 31 Mai 2015
Très bon @JulianBugier face à un @NicolasSarkozy mauvais … comme une teigne.— Calvero (@LouisCalvero) 31 Mai 2015
Un hommage de ses pairs qui a de quoi rassurer l’intéressé sur son talent et son avenir.
 À moins qu’en 2017, Nicolas Sarkozy…
 Édité par Déborah Zago

Sarkozy agresse Bayrou : et si c’était « le bègue » qui lui faisait la peau ?

L’Obs Le Plus 04-06-2015 Par Olivier Picard Chroniqueur politique
LE PLUS. « Le bègue, je vais le crever« . C’est la formule assassine que, selon « Le Canard Enchaîné », Nicolas Sarkozy aurait employé mercredi 3 juin devant des élus UDI, pour résumer son sentiment à l’égard du président du MoDem.
Que se cache-t-il derrière cette phrase ? Pour notre chroniqueur Olivier Picard, cette attaque violente résume un complexe d’infériorité et une vraie peur.
« De toute façon, le bègue, je vais le crever« .
 C’est une formule digne des « Tontons flingueurs ». Mais comme pour l’ainé des Volfoni, alias Bernard Blier, promettant « y va voir qui c’est Raoul » au « Gugusse de Montauban », la rodomontade assassine pourrait bien se retourner contre son auteur.
 Une formule spontanée qui ressemble à Sarkozy
 Un pathétique aveu de faiblesse pour Sarkozy
Édité par Anaïs Chabalier  Auteur parrainé par Aude Baron
Regard sur Julien Bugier

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A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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