Grèce : on n’est plus traités comme des chiens…

Siné Mensuel N°43 – juin 2015 – Yannis Youlountas
Ça bouge à Athènes. Les gens commencent à y croire.
Les cris de joie et concerts de klaxon dans Athènes et Thessalonique, à l’annonce de la belle progression de Podemos fin mai en Espagne, ont rappelé la victoire de Syriza le 25 janvier ! Le flamenco en plus ! Les Grecs espèrent bientôt ne plus être les seuls à mener la lutte contre l’Eurogroupe qui les écrase d’exigences. Beaucoup rêvent, mais d’autres doutent.
« Tenir ? Attendre ? Çà ne sert à rien, rétorque Marianna, au chômage depuis quatre ans.  Qu’est-ce que ça changera ? On ne sera jamais assez nombreux en Europe ! » Voilà le dilemme qu’on entend beaucoup : même à deux ou trois pays au sein de l’Eurogroupe, beaucoup craignent que le compte ne soit pas suffisant. « On sera obligés de sortir de l’euro. Pour nous, mais aussi pour ceux qui comptent sur nous, précise Adonis, prof d’anglais. Car si on accepte les réformes antisociales qu’on veut nous imposer, on est morts. Et pire encore, ça tuera l’espoir avec nous. Le but de l’Eurogroupe, en nous mettant à genoux, c’est de montrer qu’il n’y a pas d’alternative et d’entretenir la résignation. Tôt ou tard, on sera obligés de sortir de la zone euro. »
dessin-grece-4Pourtant, les sans-dents retrouvent le sourire, petit à petit. Certes, l’assiette peine à se remplir mais l’atmosphère est pacifiée, après avoir senti presque quotidiennement le soufre et les lacrymogènes dans Athènes. « D’abord le procès des responsables d’Aube dorée vient de s’ouvrir, donc les milices nazies se tiennent à carreau, témoigne Yorgos, sur le port du Pirée. Et puis, il y a quelques mesures sociales pour les plus démunis : l’électricité gratuite, des coupons d’aide alimentaires et de transport, l’accès gratuit aux soins… tout se met en place lentement, modestement. On sait bien qu’il n’y a presque pas d’argent et que le gouvernement fait le maximum. On essaie d’être indulgents, patients, solidaires. Les ministres, on les voit, on les connaît, ils se rendent à pied sans escorte au bureau, comme tout le monde. On discute beaucoup entre nous aussi. Les gens recommencent à se parler. C’est ça qui a le plus changé. En n’étant plus traités comme des chiens, on redevient plus humains. »
Cela fait vingt ans que je n’avais pas vu ça en Grèce. Depuis le milieu des années 90 et l’arrivée, à grand renfort de pub, de la carte Bleue et de la consommation facile. c’était le début de la vie à crédit. Tout le monde y croyait. Et puis la tempête est passée pat là. Beaucoup d’amis écrivains, économistes et artistes le confirment également, comme Angélique Ionatos, Gabriel Colletis, Dimitris Poulikakos. Pour tous, la douceur de vivre semble être revenue malgré les énormes difficultés économiques et sociales.
A la veille de l’été, ils sont des centaines de milliers à espérer un afflux de visiteurs en soutien à cet élan populaire: « On compte sur le tourisme solidaire pour remonter la pente et partager la fraternité retrouvée », précise Yorgos La fraternité, en attendant le pain.

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