Canal + : «Les Guignols» décapités, les auteurs historiques virés

Le Parisien – 25 juillet 2015 – Caroline Bonacossa –
Si le programme satirique de Canal + a été sauvé, mais diffusé en crypté, tous ses auteurs historiques sont virés ! Et d’autres têtes tombent au sein du groupe Canal. Un ton jugé trop fielleux et la concurrence du « Petit Journal » pourraient expliquer leur disgrâce.
Depuis jeudi, les auteurs des «Guignols» vivent terrés derrière leur téléphone. Traumatisés. Refusant de répondre au moindre appel. Et même de confirmer notre information : ils sont virés.4969503_11_545x460_autocrop
« Fier d’avoir travaillé dans cette belle et prestigieuse émission des Guignols. Bonne chance aux futurs auteurs. » Lionel Dutemple, un des auteurs du programme satirique de Canal + diffusé depuis  août 1988, a été le premier à confirmer son départ, samedi sur Twitter, à la suite de notre article « Les Guignols décapités » paru dans « le Parisien » – « Aujourd’hui en France ».
Tous les quatre. Lionel Dutemple, Julien Hervé, Philippe Mechelen et Benjamin Morgaine, les quatre plumes des marionnettes depuis respectivement seize ans pour les deux premiers, sept ans pour le troisième et trois ans pour le dernier. Une décision assumée par Maxime Saada, le nouveau directeur général du roupe Canal +. Le même qui, dans « le Figaro » du 23 juillet, annonçait : « L’émission reste en format quotidien et conserve intacts ses 17 M€ de budget. »
Mais sans ses auteurs historiques, quel sens a encore le programme? Certes, les plumes des marionnettes sont très grassement payées : 35 000 € brut par mois pour les plus anciens. Pas difficile d’en trouver des moins chers, et plus dociles. Un dénouement qui intervient en plein mois de juillet, histoire de faire le moins de vagues possible. C’est le troisième acte. La pièce a débuté fin juin. Vincent Bolloré, actionnaire majoritaire de Vivendi, qui possède Canal +, veut la tête des « Guignols ». Trop coûteux ou trop fielleux avec certains politiques ? Dépassés par « le Petit Journal » qui fait autant d’audience si ce n’est plus et dont le compte Twitter affiche 528 000 abonnés contre 111000 ?
Mais, de François Hollande à Alain Juppé en passant par Nicolas Cante-loup, le soutien aux caricaturistes est massif. Acte II : Bolloré fait machine arrière. « Il n’est pas question ni de céder les Guignols à quiconque ni de les abandonner », lance-t-il le 2 juillet sur Europe 1. Maxime Saada annonce leur maintien, mais en crypté. L’argument avancé : muscler les programmes attractifs pour les abonnés. Mais alors pourquoi proposer les épisodes gratuitement sur Dailymotion dans la foulée de leur diffusion ?
Renaud Le Van Kim aussi débarqué

Acte III : à défaut de supprimer « les Guignols », Bolloré les décapite. Une information que la chaîne et le groupe Vivendi refusent de confirmer.
Les têtes tombent beaucoup ces jours-ci dans le groupe Canal +. Après Rodolphe Belmer, le directeur général jugé trop indocile et soupçonné d’avoir fait fuiter l’arrêt des « Guignols », Thierry Langlois (directeur des antennes), Alice Holzman (patronne de CanalSat), c’est Renaud Le Van Kim qui saute. Ce producteur historique de la chaîne, mais dont la société appartient au groupe Zodiak, a donné hier sa démission de l’entreprise KM, au nom inspiré de son patronyme. C’était la condition pour que cette dernière, qui produisait « le Grand Journal » depuis onze ans, continue à assurer les cérémonies des Césars, du Festival de Cannes et l’émission « Conversation secrète », de Michel Denisot, pour la chaîne. En échange de la perte du « Grand Journal », KM assurera la production de « la Nouvelle Edition », présentée à partir de la rentrée par Daphné Bürki chaque midi. Dernière victime de la purge ? Ce vendredi, Ara Apri-kian, à la tête de D 8, D17 et i>télé, a été remercié. C’est les mains vides qu’il a quitté vers 16 h 30 le siège du groupe. Ejecté en quelques minutes, sans avoir le temps de faire ses cartons. Comme Rodolphe Belmer avant lui. A qui le tour ?
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