Journal La Décroissance – juillet/août 2015 – Stéphane Lhomme –
Mois après mois,nous vous tenons au courant de la déconfiture de l’industrie atomique dans le monde et particulièrement en France. La catastrophe est nucléaire (Fukushima), industrielle (EPR), financière (faillites de Tepco, d’Areva), ect. Mais il faut savoir être fair-play et reconnaître l’acharnement désespéré des atomistes à essayer d’y croire encore, avec des effets d’annonce pittoresques ou dérisoires, ou ridicules, souvent les trois.
Vous vous inquiétez du sort des liquidateurs sacrifiés dans les centrales de Tchernobyl et Fukushima ? Rassurez-vous, on nous annonce « Une armée de robots en cas de désastre nucléaire » (Le Parisien, 16 juin 2015). « Ebull, Erose, Erase, ce ne sont pas les nouveaux héros du prochain Disney de science-fiction mais les noms de ces robots prêts 24 heures sur 24 en cas de détresse dans une centrale nucléaire. » Grâce à nos amis suisses (Le Matin, 13 avril 2015), nous apprenons toutefois que ce genre d’intervention est déjà de mise, qui plus est en situation : dans la centrale de Fukushima. Mais cela ne fonctionne pas bien du tout : » le robot-serpent était utilisé pour la première fois afin d’examiner le réacteur L’appareil s’est arrêté après dix mètres et ignore (sic) toutes les instructions données. »
Après les serpents, la bactérie : « Une bactérie pour décontaminer les sites nucléaires » (BFM TV, 16 juin 2015). Bigre, de quoi s’agit-il ? « Cela fait des années que la voie biologique est envisagée pour la décontamination des sites nucléaires, mais la découverte d’une nouvelle bactérie pourrait relancer cette option. » Peut-être que ces micro-organismes seront plus intelligents que les robots , Mais, vous vous en doutez, les recherches n’en sont qu’au début et, d’ailleurs, nous pouvons pronostiquer qu’elles n’aboutiront pas avant quelques millénaires. Rien de grave puisque les contaminations radioactives durent encore plus longtemps…
Du coup, puisqu’il reste impossible de limiter les contaminations, le lobby nucléaire sort son joker : « Bionerd23″*. Qu’est-ce, où plutôt qui est-ce ? Cet étrange pseudo désigne une jeune femme qui se balade dans la zone interdite autour de Tchernobyl et s’y filme en train de manger des produits radioactifs, avec une prédilection pour les pommes. « Ses vidéos les plus regardées répondent à un besoin d’expliquer pourquoi les choses que nous considérons communément comme dangereuses ne le sont pas, ce qui explique aussi pourquoi elle ne porte habituellement aucune protection. » (Slate, 6 mai 2015.) Questionnée sur le pourquoi de cette étrange activité, elle se défausse : « Je ne parle pas de ça. Çà n’a aucun intérêt. » Nous pensons au contraire qu’il y a beaucoup d’intérêts en jeu derrière tout ceci, et que cette dinde ne devrait pas avoir de mal à financer les traitements dont elle aura bientôt besoin. C’est en tout cas le mal que nous lui souhaitons. Non mais.
Centrales au sec
Chez nous, on en apprend aussi de bien belles : « Tricastin : la centrale nucléaire parée pour 10 000 ans contre les crues » (Le Midi libre, 16 juin 2015). « La centrale nucléaire est désormais parée pour résister à une crue décamillénale, autrement dit, une inondation qui ne se produit qu’une fois tous les 10 000 ans. » Eh bien il était temps : la centrale a été mise en service en 1980, ce n’est que 35 ans après que les protections nécessaires ont été mises en place. Nécessaires… mais sont-elles bien suffisantes ? Toutes les lignes Maginot sont faites pour être contournées. Et puis, une crue supérieure à la « décamillénale » peut se produire dans 20 000 ans… ou dans trois semaines : au vu des « réussites » d’EDF et d’Areva ce ne serait guère étonnant.

LES CENTRALES NUCLÉAIRES EN FRANCE