Les banques bidonnent les chiffres de la fraude

Le Canard Enchaîné – 09/09/2015 – Hervé Liffran –
Les dernières données publiées par l’Observatoire national de la délinquance pulvérisent les affirmations des banquiers, qui jurent que la fraude à la carte bancaire reste marginale. Après avoir interrogé un échantillon de 17 000 familles, cet organisme, placé sous la tutelle de l’État, évalue à 840 000 le nombre de ménages qui « ont été victimes d’au moins un débit frauduleux » en 2013. Ils n’étaient que 501 000 en 2010, soit une augmentation de près de 68 % en trois ans ! header-carte-bancaire
De leur côté, les banques disposent de leur propre « observatoire », dédié à la sécurité des cartes de paiement, et qui dépend de la Banque de France. Surprise; le nombre d’arnaques qu’ils affichent reste ridiculement bas. Entre 2010 et 2014; le taux d’escroquerie aurait même légèrement régressé, passant de 0,072 à 0,069 % de l’ensemble des opérations réalisées. Magique ! Sauf que le nombre de transactions ayant augmenté, ce chiffre ne veut rien dire. Il peut même dissimuler une hausse du nombre d’incidents.
shutterstock_92411803Astucieux, les banquiers ne comptabilisent jamais la fraude en nombre de victimes : ils ne s’intéressent qu’aux sommes détournées. Un montant qui a peu évolué par rapport au volume général des transactions par carte. Soit, en 2014, 235 millions d’euros détournés sur 510 milliards. Mais ces arnaques concernent de plus en plus de monde. Pour le vulgum pecus, le préjudice média s’élève désormais à 240 euros. Comme on peut s’en douter, ce sont les opérations sur Internet qui concentrent le plus grand nombre de vols, suivies de loin par les achats dans les commerces traditionnels et par les retraits dans les distributeurs (« Le Parisien », 2/9).
Remboursements factices
Théoriquement, toutes les victimes sont remboursées. Encore faut-il qu’elles se soient rendues compte du préjudice : les détournements de quelques dizaines d’euros passent aisément inaperçus quand l’usager ne prend pas la peine d’éplucher ses relevés bancaires…
De plus, la loi a prévu une franchise de 150 euros restant à la charge de la victime sur toutes les opérations réalisées entre le vol d’une carte bancaire et la déclaration de perte. D’ailleurs, les banques ne remboursent pas automatiquement les sommes détournées : plus de 30% des personnes interrogées par l’Observatoire de la délinquance assurent que leur banquier a refusé – à tort ou à raison – d’effacer le débit litigieux.
En revanche, les banques n’exigent plus que leur client dépose une plainte. Celle-ci n’est plus obligatoire pour qu’ils soient dédommagés. Résultat : le nombre de plaintes est en chute libre. Seulement 37 % des victimes ont fait cette démarche en 2014, contre 47 % en 2010.  Voilà qui est bon pour les statistiques de la délinquance…

A propos werdna01

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