Nicolas Sarkozy rassemble ses rivaux contre lui : F. Fillon et A. Juppé s’étonnent  » que le projet sur l’immigration n’ait pas donné lieu à une discussion en bureau politique, avant de le faire approuver par les adhérents « 

Le Monde | 23.09.2015| Par Alexandre Lemarié Journaliste en charge du suivi de l’UMP (LR)
Le président des Républicains fait approuver son projet sur l’immigration par un vote des militants
Nicolas Sarkozy nage en plein paradoxe. Le président du parti Les Républicains (LR) a beau répéter que ses troupes doivent « rester unies » à moins de trois mois des élections régionales, celui qui se présente comme le rassembleur en chef de la droite peine à imposer son leadership et à maintenir la paix en interne.
Aujourd’hui, ses rivaux paraissent surtout unis contre lui, en l’accusant de vouloir verrouiller la campagne de la primaire à droite pour la présidentielle de 2017. En cause : la méthode suivie pour faire adopter le projet du parti sur l’immigration.

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Au premier campus des Jeunes Républicains, le 12 septembre, au Touquet (Pas-de-Calais). Olivier Touron / Divergence-imag/Pour Le Monde
 » Le sujet est clos pour les sarkozystes : le texte voté par la base s’impose aux dirigeants, qui n’ont pas leur mot à dire « 
Au lieu de consulter les principaux ténors – comme cela est habituellement le cas pour trancher des questions de poids –, M. Sarkozy a préféré faire approuver ses propositions par les seuls adhérents, estimés à environ 179 000. Quelque 53 000 d’entre eux ont voté vendredi, à plus de 90 %, le questionnaire résumant sa ligne de fermeté sur l’immigration. De quoi lui permettre de se présenter en position de force devant le bureau politique, prévu mardi 22 septembre. « Ce résultat clair et sans appel est un grand succès de la démocratie directe voulue par Nicolas Sarkozy », a applaudi Lydia Guirous, porte-parole de LR, lors d’un point presse, lundi, au siège parisien du parti.
Le camp Sarkozy souligne que la question ayant obtenu le plus de « oui » est celle sur l’assimilation (97,43 % de réponses positives). Une manière de présenter le résultat comme une victoire de la ligne dure de leur champion, partisan de l’assimilation, face à celle plus modérée d’Alain Juppé, qui défend, lui, le concept d’intégration. « Ce plébiscite organisé vise à faire apparaître Juppé en décalage idéologique avec l’électorat de droite », décrypte un soutien de l’ancien chef de l’Etat.
Débat sans vote
sarkozy-2-212x300Désormais, le sujet est clos, dans l’esprit des sarkozystes : le texte voté par la base constitue le projet du parti sur l’immigration. Il s’impose aux dirigeants, qui n’ont pas leur mot à dire. Un simple débat – sans vote – est prévu lors du bureau politique. « A partir du moment où les adhérents ont dit oui, cela n’a aucun sens de faire voter les responsables du parti », justifie l’entourage du président de LR. Cette méthode de face-à-face entre M. Sarkozy et la base doit devenir la règle pour trancher les grands sujets du projet pour 2017. Selon lui, le texte sur l’immigration doit constituer « le premier bloc » du projet commun qu’il entend imposer à ses rivaux avant la primaire.
Sauf que ces derniers contestent vivement la méthode employée, en reprochant au président de LR de vouloir verrouiller le débat pour neutraliser la concurrence. « Les questions posées aux militants » auraient dû « faire l’objet d’un débat interne » en amont, « dans le cadre du bureau politique », a protesté François Fillon, dans un entretien au JDD. Pour l’ex-premier ministre, qui sera absent au bureau politique, le projet du parti ne pourra pas « ligoter » le futur candidat à la présidentielle.
Le camp Juppé dénonce également la méthode employée par M. Sarkozy. « On peut s’étonner que le projet sur l’immigration n’ait pas donné lieu à une discussion en bureau politique, avant de le faire approuver par les adhérents », peste Gilles Boyer, conseiller du maire de Bordeaux. « On aurait pu en discuter entre nous avant », abonde le député juppéiste Benoist Apparu, estimant que le texte adopté par les adhérents « ne peut pas être le projet immigration imposé à notre candidat pour 2017 ». « Dans l’esprit de la VRépublique, ce ne sont pas les partis qui font les programmes des candidats à la présidentielle », souligne-t-il. Bruno Le Maire est du même avis : « Le parti peut définir un socle de propositions, mais il ne porte pas le projet présidentiel. Chaque candidat défendra sa propre vision. »
« Risqué »
Si la forme est contestée, le fond l’est également. Plusieurs ténors ont manifesté leur désaccord avec les propositions de M. Sarkozy sur l’immigration. Que ce soit Alain Juppé, François Fillon ou Nathalie KosciuskoMorizet, tous ont jugé irréaliste son idée d’ouvrir des centres de rétention dans des pays extérieurs à l’Union européenne. M. Fillon et Mme Kosciusko-Morizet sont également opposés à la réforme du droit du sol proposée par M. Sarkozy, prévoyant notamment d’interdire à un enfant né sur le territoire d’acquérir la nationalité française si ses parents étaient sans-papiers. Récent candidat déclaré à la primaire, le député de la Drôme Hervé Mariton a dénoncé quant à lui des « propositions impossibles » à appliquer, en citant le rétablissement des contrôles aux frontières nationales pour les étrangers non européens.
Sarkozy sultanChez les sarkozystes, certains s’inquiètent de l’effet potentiellement dévastateur de l’offensive de leur candidat. « Il pousse ses rivaux à se démarquer, afin de les présenter aux militants comme des diviseurs avant les régionales, décrypte l’un d’eux. Cela peut lui faire gagner des points auprès du noyau dur mais c’est risqué car il installe la division en interne. » Valérie Pécresse, candidate LR en Ile-de-France, ne s’y est pas trompée. Craignant de pâtir de ces tensions, elle a lancé sur un ton alarmiste : « La primaire, c’est en 2016 ! Qu’ils soient tous patients, qu’ils attendent 2016 pour engager la bataille ! »
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