Accueil – A la ville ou à la campagne, les réfugiés logés en France selon leur profil

Le Monde 07/10/2015
Formation, compétences, métiers… Chaque migrant a rempli une fiche sur sa situation pour optimiser son installation

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Vendredi 9  octobre, les Syriens et Irakiens arrivés mi-septembre disposeront tous du statut de réfugié. Le deuxième acte de leur vie en France s’ouvre donc cette -semaine avec les premiers emménagements dans des logements pérennes.
Plusieurs dizaines d’appartements proposés par les municipalités volontaires vont commencer à se remplir. Ainsi, un couple dont l’homme est carreleur et sa femme esthéticienne sera accompagné vers la Champagne avec sa fillette. Un menuisier venu seul s’installera dans le Tarn ; un maçon en Haute-Marne et deux familles qui ne voulaient pas êtres séparées rejoindront ensemble le Bordelais avec leurs 5 enfants. Pour eux, la proximité d’une ville importante s’est imposée pour optimiser les chances d’un des pères de famille, ingénieur en géothermie, de retrouver un emploi. Tous arriveront dans des logements meublés et seront pris en charge par une association locale, même la famille qui partira pour une ferme isolée aux confins du Val-d’Oise.
Peu de place au hasard
Avant cette nouvelle vie, chaque réfugié aura récupéré, dans une des préfectures d’Ile-de-France, un récépissé lui permettant de faire valoir ses droits aux allocations familiales éventuellement et, à coup sûr, à une couverture santé.
La place laissée au hasard a été réduite au maximum dans l’affectation des appartements et des maisons proposés par les municipalités. Ces premiers emménagements constituent en effet un laboratoire pour l’accueil des 30 000 réfugiés que la France s’est engagée à faire venir avant fin 2016. Lundi soir, c’est d’ailleurs dans le bureau du directeur de cabinet du ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, qu’ont été réalisés les derniers ajustements. Parce qu’envoyer un citadin à la campagne ou un rural en ville peut compliquer une intégration.
Sur les 526 réfugiés ramenés de Munich en septembre pour soulager une Allemagne débordée par les arrivées massives, 51 sont repartis. Il restait donc 274 adultes isolés ainsi que 201 personnes, composant 61 familles, à loger.  » Chaque réfugié a rempli un formulaire permettant d’identifier sa formation, ses compétences, ses métiers antérieurs. Il devait aussi y préciser s’il avait de la famille ou des connaissances dans un coin de France « , explique Nicolas Cook, le directeur du centre de loisirs de Cergy, où vit une centaine de réfugiés. Le même recensement a été opéré dans les trois autres centres de premier accueil.
En face de cette cartographie des profils, Kléber Arhoul, le préfet en charge des réfugiés, a collecté les offres d’accueil venant de plus de 1 000 communes, dont de nombreuses villes de moins de 10 000 habitants. Dans un premier temps, chaque appartement, chaque maison proposée a été visitée par le coordonnateur départemental. Un préalable pour trouver place dans le listing des logements disponibles. Aujourd’hui, 340 propositions sont directement mobilisables, pour une capacité d’accueil de 800 personnes. Bien d’autres attendent la visite ou un nécessaire rafraîchissement.
Une hiérarchie des priorités a été établie. D’abord, la vingtaine de réfugiés dont l’état nécessite des soins hospitaliers a été affectée en priorité dans une ville disposant d’une structure de soins. Pour les autres, l’ajustement s’est fait au cas par cas.
 » Un irakien étudiant en arts va être logé à Cergy parce qu’on a pu l’inscrire aux Beaux-Arts de cette ville. Trois autres étudiants en droit vont intégrer l’université de Paris-I et seront logés par le Crous de la capitale « , assure l’entourage du ministre. Pour les étudiants, le  » pack  » comprend une inscription, une chambre et une bourse d’études.
Si les maçons ou les mécaniciens peuvent être affectés dans des villes moyennes, ceux qui exercent des activités moins répandues peuvent se retrouver avec un logement moins adapté à leur situation familiale car dans leur cas, la localisation prévaut sur l’adéquation aux besoins familiaux.
Pour optimiser encore la quête d’un emploi, essentielle à l’intégration, Kléber Arhoul a aussi pour mission de porter directement les CV des réfugiés au Medef, l’association patronale s’étant engagée à les faire circuler ainsi que ceux des futurs réfugiés.
Car les  » Merkel « , comme la Place Beauvau a baptisé les Syriens et les Irakiens venus de Munich en septembre, seront suivis d’ici à la fin de l’année par deux autres types de réfugiés. D’une part, l’Office français des réfugiés et des apatrides doit se rendre au Liban et en Jordanie et ramener 400 réfugiés syriens que le HCR estime vulnérables. Suivront ceux qu’on appelle déjà les  » Tsipras  » et les  » Renzi « , du nom des dirigeants de Grèce et d’Italie, pays où les  » hotspots « , des centres permettant d’effectuer un premier tri des réfugiés, doivent être créés.
Maryline Baumard

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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