Affaire ( feuilleton ) Bygmalion – Copé-Sarkozy : « Il y aura un mort à la fin » …

Les développements de l’affaire Bygmalion attisent la haine que se vouent les deux hommes

Le Monde 15/10/2015 Par Alexandre Lemarié

Entre Copé et Sarkozy,  » c’est la guerre à mort « 

La charge est lourde. Alors qu’il avait toujours dédouané Nicolas Sarkozy, Jérôme Lavrilleux a mis gravement en cause l’ancien chef de l’Etat dans l’affaire Bygmalion.

Dans un entretien publié par L’Obs mardi 13 octobre, le député européen et ex-directeur de cabinet de Jean-François Copé l’accuse de  » se défausser «  et de ne pas  » assumer «  ses responsabilités dans un système de fausses factures durant sa campagne présidentielle de 2012.

Pas de doute pour lui : le président des Républicains (LR) était au courant.  » Les comptes ont débordé de tous les côtés. Il n’y a que Nicolas Sarkozy pour dire dans sa déposition que cette affaire ne concerne pas sa campagne… C’est un système de défense voué à un échec total.  »  » Je n’attache aucune importance et aucune crédibilité à ces propos « , a réagi M. Sarkozy mercredi soir sur BFM-TV, avant d’ajouter :  » La justice est saisie, eh bien elle dira. « 

La sortie médiatique de M. Lavrilleux n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans un contexte de tension extrême entre Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy. Depuis une entrevue en juillet, les deux hommes ne se sont pas adressé la parole. Le fidèle sarkozyste Brice Hortefeux, qui a déjeuné avec M. Copé mercredi, joue le rôle d’intermédiaire. Les relations entre MM. Copé et Sarkozy se sont envenimées ces dernières semaines, à cause des développements judiciaires de l’affaire Bygmalion.

La suite est réservé aux abonnés en voici quelques extraits © Le Monde

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le 4  septembre, M.  Sarkozy a chargé Copé lors de son audition libre  » Jean-François Copé était tenu informé de mon compte de campagne par Jérôme Lavrilleux « , a-t-il assuré, selon les extraits publiés par L’Obs, avant d’expliquer aux enquêteurs que le scandale venait du maire de Meaux (Seine-et-Marne) :  » Partout où il est passé, Jean-François Copé a pris Bygmalion. « 

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Copé a très mal vécu d’être mis en cause directement par Sarkozy, explique un parlementaire proche de lui. Dans son esprit, cela marque une rupture définitive entre eux. Avant, c’était à fleurets mouchetés. Désormais, c’est la guerre. « 

Le  » médiocre  » et  » Louis XIV « 

Copé a d’abord riposté sur le terrain politique. il s’est vivement opposé à la décision de M. Sarkozy de sanctionner Nadine Morano pour ses propos sur la France, Dénonçant un  » deux poids deux mesures « , il a mené la fronde contre le président de LR.  Agacé, M.  Sarkozy a fini par lui rappeler sèchement son désormais fameux  » dérapage «  sur les pains au chocolat, en  2012.

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La seconde lame est donc venue de M. Lavrilleux sur le terrain judiciaire. Manifestement en service commandé, l’homme de confiance de M. Copé a cherché dans L’Obs à défendre son ex-patron à tout prix.  » Dans Bygmalion, Sarkozy dit : “C’est pas moi, c’est Copé.

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Prévisible, l’ouverture des hostilités entre MM. Sarkozy et Copé est le résultat de leurs stratégies de défense contradictoires : l’un et l’autre disent ne rien avoir su de la double facturation et laissent entendre que le coupable serait dans le camp d’en face.  » On a deux locomotives lancées l’une contre l’autre car chacun est convaincu de détenir la vérité « , observe un dirigeant de LR.

L’affaire tourne au duel fratricide car à un an de la primaire pour la présidentielle de 2017, à laquelle ils pourraient tous deux être candidats, ces grands fauves ont conscience de jouer leur survie politique chacun se dit : c’est moi ou c’est l’autre qui tombe. « 

Dans les meetings, M.  Sarkozy ne cesse de reprocher à son prédécesseur à la tête du parti d’avoir abîmé l’UMP, ce qui l’aurait obligé à revenir pour remettre de l’ordre. En privé, il n’a que mépris pour celui qu’il juge  » médiocre «  et  » cramé «  politiquement. Copé, lui le nomme  Louis XIV.

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Persuadé que son nouvel ennemi va  » trébucher «  sur la route de 2017, M.  Copé se prépare lui-même à participer à la primaire. Les soutiens de l’ex-chef de l’Etat prédisent une  » guerre totale  » au héraut de la droite décomplexée.

En attendant, tous deux s’échauffent en réglant leurs comptes. Le 2  avril, alors que M. Copé contestait sa volonté de changer le nom de l’UMP en Les  Républicains, l’ex-chef de l’Etat lui avait répondu en évoquant le motif de leur discorde :  » Il ne te vient pas à l’esprit qu’il y a des affaires judiciaires, qui te concernent, qui justifient qu’on change le nom ? « 

Alexandre Lemarié © Le Monde

les dates

2014

14 mai Libération révèle que l’UMP a réglé pendant la campagne présidentielle de 2012 près de 20 millions d’euros à Event and Cie, filiale événementielle de Bygmalion dirigée par des proches de M. Copé, pour des événements qui semblent parfois fictifs.

26 mai L’avocat de Bygmalion dénonce une  » affaire des -comptes de campagne «  de -Nicolas Sarkozy. L’ex-directeur adjoint de la campagne Sarkozy en 2012, Jérôme Lavrilleux, -reconnaît que des prestations fournies par Bygmalion ont été indûment facturées à l’UMP au lieu d’être imputées aux comptes du candidat.

28 mai Poussé par le bureau -politique, Jean-François Copé quitte la présidence de l’UMP. Novembre L’enquête ouverte en juin pour faux et usage de faux, abus de confiance et tentative d’escroquerie est élargie au financement illégal de campagne, délit qui vise expressément le candidat Sarkozy.

2015

4 septembre Entendu par -la police, M. Sarkozy met en cause M. Copé, qui a lui été -entendu le 28 juillet.

15 octobre Dans un entretien à L’Obs, M. Lavrilleux accuse M. Sarkozy de  » se défausser «  et de ne pas  » assumer «  ses responsabilités