En Allemagne, le second souffle de Pegida

Le Monde 21/10/2015

Sa relative discrétion ces derniers mois avait laissé penser, à tort, qu’il était à bout de souffle. Loin d’être moribond, le mouvement des Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident (Pegida), né il y a un an dans l’est de l’Allemagne à l’initiative de Lutz Bachmann, est au contraire en pleine renaissance.

« Plus confiant et plus agressif que jamais », au grand désarroi des autorités, constate le Spiegel Online. Lundi, plus de 15 000 partisans de Pegida se sont rassemblés dans les rues de Dresde (Saxe) ; preuve que le groupe, un temps marginalisé, connaît un second souffle.

Son catalyseur ? La récente politique de la main tendue prônée par la chancelière, Angela Merkel, à l’égard des migrants, qu’il conspue sans ambages, expliquent The Irish Times et CNN. Non content de réapparaître opportunément à la faveur de la crise des réfugiés (la République fédérale prévoit d’en accueillir entre 800 000 et un million cette année), Pegida tend aussi à se radicaliser, souligne Le Temps.

A Dresde, ville devenue polarisée à l’extrême, les tensions sont perceptibles. Au point que le Jüdische Allgemeine évoque un « climat empoisonné ». Soucieux de préserver la réputation de leur cité, certains habitants n’hésitent pas à prendre ouvertement le contre-pied de Pegida en lançant des initiatives en faveur des réfugiés comme « Dresden für Alle » (« Dresde pour tous »), témoigne la Deutsche Welle.

Pour Georg Diez, du Spiegel Online, le danger que représentent le mouvement et sa « logique de haine » – lui se compare… aux juifs persécutés (Die Welt) – ne doit pas être minimisé. Dans un éditorial écrit il y a quelques jours, la Frankfurter Rundschau abondait dans ce sens. Et dénonçait le « travail de destruction » d’un groupe d’autant plus menaçant qu’il est obstinément hermétique à toute forme de dialogue et de compromis.

A Dresde, pour la douzième « Montagsdemo » (« manifestation du lundi ») du mouvement des Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident (Pegida), l’équipe organisatrice – le mouvement n’ayant pas de dirigeants aux postes définis – avait appelé ses fidèles à rendre hommage « aux victimes des attentats de Charlie Hebdo » en arborant un brassard noir. Attentats qui, selon leur page Facebook « confirment que l’islamisme n’est pas compatible avec la démocratie ».