L’ONU, soixante-dix ans d’échecs et de succès

Soixante-dix ans, déjà. En octobre 1945, sur les ruines encore fumantes de la seconde guerre mondiale, naissait l’Organisation des Nations unies ; une entité censée « non pas mener l’humanité vers le paradis, mais la sauver de l’enfer », selon le mot du diplomate suédois Dag Hammarskjöld.

Depuis sa fondation, l’ONU, héritière de la défunte et inopérante Société des nations, a traversé des périodes de ténèbres. Parmi ses échecs les plus retentissants : le génocide rwandais (1994), le massacre de Srebrenica (1995), le conflit israélo-palestinien, la guerre civile en Syrie ou, plus récemment, la crise des réfugiés.

En dépit de ces revers, et du manque de démocratie qui lui est reproché eu égard au droit de veto dont disposent exclusivement les cinq membres du Conseil de sécurité, elle a aussi connu des succès indéniables : grâce à elle, la guerre froide ne s’est jamais réchauffée jusqu’au point de fusion ; elle a contribué à codifier le droit international – que ce soit par le truchement de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948) ou du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (1970) – et supervisé l’organisation d’élections historiques, comme la première élection présidentielle en Afghanistan, en 2004, égrène la BBC.

Reste que l’institution onusienne, forte de 193 Etats membres, demeure un « tigre sans dents » en raison de son incapacité à se réformer, cingle la Deutsche Welle. Un point de vue partagé par Swissinfo.ch, pour qui elle a du mal à s’adapter à l’évolution du monde. Trop bureaucratique, trop prodigue (The Herald). Dans une tribune au Daily Star, Robert D. Watkins, coordonnateur résident de l’ONU au Bangladesh, estime toutefois qu’elle est nécessaire. Et de citer les paroles de son premier secrétaire général, le Norvégien Trygve Lie (1946-1952) : « Notre organisation reflète les imperfections de notre époque, mais elle est aussi l’expression des forces les plus constructives de notre monde et un symbole d’espoir pour l’avenir. »

Le Monde 26/10/2015