Patrimoine – Chapelle du XIIe siècle : A vendre dans les Deux-Sèvres

La Nouvelle République 26/10/2015 05:46

A Surimeau, Dominique et Monique Pétorin vendent la chapelle médiévale dans laquelle ils organisaient banquets et repas de famille.

 Difficile de la remarquer quand on file sur la rue d’Antes.

L’éclat retenu de sa discrète architecture romane, imaginée pour être d’une sobriété irréprochable, s’estompe derrière un vaste noyer qui la frôle. Une haie finit d’effacer ses pierres claires aux regards des curieux. C’est presque dommage… car cette solide chapelle est exceptionnelle. Au moins par sa rareté.

« On l’appelle «  la chapelle de Saint-Thomas de Croizé  » », annonce Monique Pétorin en feuilletant un livre consacré au patrimoine niortais qui fait référence à l’édifice…

«  C’est vraiment un bien exceptionnel  »

Monique est la propriétaire des lieux. Son mari Dominique, agriculteur céréalier, et elle ont décidé de tout vendre. Vendre la maison début XX^e qu’ils occupaient jusqu’à récemment. Vendre aussi la grange gigantesque (390 m² de surface au sol) dans et près de laquelle on devine encore des traces du passé paysan : étables, auges en pierres creusées, vestiges d’un puits, formes d’un ancien four à pain…

Vendre aussi, et pas sans quelque regret, cette chapelle que Nicolas Duvallon, l’agent chargé de la vente pour Facilis Immobilier, se plaît à attribuer aux Templiers. « Venez voir, invite-t-il en se dirigeant sous le vieux noyer. Regardez, là ! » Il désigne un gros bloc de pierre dans les herbes hautes. « C’est une pierre tombale. » Penché en avant, il traduit deux lignes fines en affleurement. « On voit bien deux épées… »

Croisés

Il n’en faut pas davantage pour imaginer le site édifié par les croisés. Lui trouver aussitôt un supplément d’âme. L’ancrer, pour tout dire, dans l’Histoire de France. « C’est vraiment un bien exceptionnel ! », atteste-t-il.

Citée dans quelques ouvrages, la chapelle n’est cependant ni classée ni même inscrite. Ce qui n’est pas plus mal, laisse entendre l’agent immobilier qui sait que le futur acheteur sera ainsi libre de ses initiatives et pourra y faire ce qu’il veut. Y faire quoi, d’ailleurs ? « Nous, nous y faisions toutes les fêtes de famille, raconte Monique. Tous les baptêmes, les communions, les repas de Noël… on faisait tout ici ! » Au premier étage, sous la belle voûte en ogive où s’accrochent encore quelques centimètres carré de polychromies.

Un peu de folie

Acheter, certes, mais pour faire quoi ? « On peut tout imaginer », réfléchit Nicolas Duvallon. Habitation, gîte, atelier d’artiste, point de vente… « Mais, c’est vrai, il faut de l’argent. Et un bon architecte ! » Peut-être aussi, un peu de folie.

Cela dit, certains pourraient y trouver une porte d’entrée pour le paradis. Et annoncer le paradis au départ de la rue d’Antes, voilà qui serait cocasse.

nr.niort@nrco.fr – Deux-Sèvres – Niort

Plus d’infos sur cette vente sur le boncoin.fr : taper « chapelle a renover », sans les accents dans le moteur de recherche). Contact : Nicolas Duvallon, Facilis Immobilier, au 06.03.12.39.65.

Emmanuel Touron