L’appel au « dialogue social » relève de l’imposture

Chroniques du Yeti – 01/11/2015 –
Plus l’exaspération des salariés monte et plus les autorités, politique, patronale ou même syndicale, en appellent au « dialogue social ». Problème : jamais aucune avancée sociale ne fut obtenue par la vertu du seul dialogue.
Ou alors musclé, très musclé ! Quelques exemples historiques : Le Code du travail fut initié en 1906 à la suite d’une année marquée par plus de 1 300 grèves d’une durée moyenne de 19 jours. Les congés payés, la réduction du temps de travail à 40 heures ont été obtenus de haute lutte par les grandes grèves et les occupations d’usine qui suivirent l’élection du Front populaire en 1936 et mobilisèrent plus de 2 millions d’ouvriers. La sécurité sociale, les comités d’entreprise, le système des retraites par répartition ont été conquis au sortir de la seconde Guerre mondiale.
Le rôle social du coup de pied aux fesses

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En résumé, le progrès social se conquiert de haute lutte ou à l’occasion de périodes fort troublées. Certainement pas en se contentant de deviser aimablement autour d’une table pétrie de convenances. Ce qui ressort de ce constat historique, c’est que le dialogue social ne fait jamais que consacrer un rapport de force. Si, du fait d’une crise comme celle que nous traversons, le rapport de force apparaît comme singulièrement déséquilibré, sinon même inexistant, alors le dialogue social ne fait que consacrer ce déséquilibre et en appeler à lui pour prévenir tous débordements de colère relève de l’imposture. Le vrai et seul dialogue social se construit d’abord à coups de pied aux fesses. Et il faudra aux salariés un peu plus de deux chemises déchirées pour redresser une situation aujourd’hui fort compromise pour eux.
Notons que la remarque ne vaut pas que pour les seuls salariés, mais aussi et surtout pour tous ceux qui ne parviennent même plus à l’être.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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