Réfugiés syriens (Deux-Sèvres) – A Benet, ils ont trouvé une terre d’accueil

La Nouvelle République 05/11/2015

Au pied de leur logement d’accueil hier matin, Yassine, Khaldoun et Ahmad partagent sourire et gestes amicaux avec le maire Daniel David et toute l’équipe qui s’est mobilisée pour les accueillir.

Deux pères de famille syriens, leurs cinq enfants, passés par Niort, ont été reçus à bras ouverts par toute une équipe d’élus, agents et bénévoles, partageant les mêmes valeurs solidaires.

 Une poignée de mains. Des regards. Des sourires. A travers ces gestes chaleureux, hier matin au pied du logement communal à Benet, Daniel, Yassine, Khaldoun et Ahmad donnent la plus belle illustration d’une histoire qui les a unis depuis quelques semaines.

A notre demande, Daniel David, le maire, a accepté de rassembler toute l’équipe qui s’est mobilisée pour l’accueil de deux familles syriennes. Pas question d’attirer le feu des projecteurs sur sa commune vendéenne, distante de quinze kilomètres de Niort. Ni de donner des leçons.
« Nous ne voulons surtout pas aligner une population contre une autre, mais nous ne sommes pas indifférents et nous voulons agir par l’exemple. » Bien plus encore que la démarche, c’est son aboutissement qui est exemplaire. A Benet, depuis le 9 octobre, deux frères syriens, Yassine et Djamal, âgés d’une soixantaine d’années sont installés dans l’appartement mis à leur disposition au-dessus de La Poste. L’un est venu en passant par la Jordanie avec deux de ses fils, le second avec une fille. Tous les deux ont dû quitter leurs épouses et le reste de leur famille là-bas. Avant d’arriver en France au cours de l’été, puis à Niort.

Le déclic de la vice-présidente du CCAS d’origine espagnole

Devant l’impossibilité d’être hébergés au chef-lieu des Deux-Sèvres, si ce n’est à court terme dans des familles d’accueil, l’Arddi (*) les a aiguillés vers Benet. Le hasard fait plutôt bien les choses. Car Conchita Morales, vice-présidente du CCAS ne supporte plus les images médiatisées de « ces pauvres réfugiés ». Comme celle du petit garçon qui a fait le tour de monde. Espagnole d’origine, elle repense à son oncle qui a quitté le régime de Franco pour trouver asile en France. « Pas question de partir en vacances sans rien faire, j’ai envoyé un mail à M. David pour l’interpeller. »

«  De vraies valeurs  »

Un petit mot pour un grand message. Aussitôt lu, aussitôt entendu. Il ne faut pas perdre de temps. Le logement communal au-dessus de La Poste se libère. La belle opportunité. Il ne sera pas reloué mais réservé aux migrants de Syrie. Bernard, Johan et Désiré, l’équipe des services techniques, se consacrent à sa rénovation. Le temps de valider la décision devant les instances et l’arrivée des familles s’organise.
« Benet terre historique d’accueil des Espagnols, juifs ou Ardennais, ne fait pas de distinction entre les religions, couleurs de peau ou les nationalités. » C’est ce que continue d’affirmer Daniel David, toujours prêt à défendre ces valeurs : « Nous n’avons pas attendu de consigne pour nous engager dans une démarche volontariste. Nous voulons apporter de l’aide plutôt que d’attiser de la haine. »

nr.niort@nrco.fr

 (*) Association pour la reconnaissance et la défense du droits des immigrés.

en savoir plus : De nombreuses démarches

Karine, la directrice des services de la commune, Gérard le président du Kiosque, Katia à la tête de ce centre social et Justine la référente famille, mettent tout en œuvre pour favoriser l’intégration des arrivants. Des échanges avec les adhérents, des cours de français, l’accès à internet pour rester en contact avec la famille restée au pays, sont ainsi possibles. Toute l’équipe accompagne les demandeurs de statuts de réfugiés dans leurs démarches administratives ou médicales. Chacun essaie aussi de répondre à leurs souffrances physiques et psychologiques. Avec en retour de beaux moments partagés : « Nous essayons de rigoler, nous vivons beaucoup d’émotions. » Déjà des espoirs se profilent : « Le plus jeune des fils est très demandeur. Il apprend vite le français et espère poursuivre ses études d’ingénieur en France. »

repères

Un choix démocratique

La décision d’accueillir les familles syriennes n’a pas été prise à la légère. Informé tant de l’arrivée d’immigrés que de la disponibilité d’un logement municipal, le maire a avisé les conseillers à l’occasion de la commission hebdomadaire. Un vote à l’unanimité lors du conseil municipal suivant a validé la décision.
A l’occasion d’une réunion publique réunissant trois cents personnes, l’information a été donnée aux habitants et un appel à la générosité lancé. Un groupe de pilotage a été constitué regroupant douze personnes. L’Epicerie solidaire de Maillezais et les Restos du cœur de Fontenay-le-Comte sont également associés.

Jean-Michel Laurent

Deux-Sèvres –