La Sécu et les comptes d’apothicaires

Siné Mensuel N°47 – novembre 2015 – Isabelle Alonso –
Et si au lieu de privatiser à tour de ras, on rendait à l’État, c’est-a-dire nous tous, ce qui ne devrait jamais devenir un marché ? Si on arrêtait d’engraisser les lobbys pharmaceutiques ? On nous rebat les oreilles avec le trou de la Sécu. Trop de vieux, trop de malades pèsent sur les comptes. 
Avons-nous les moyens de nos cancéreux, nos greffés, nos éclopés ? Il paraît que non. On fustige les abus des tricheurs. C’est quoi un tricheur à la Sécu ? C’est quelqu’un qui prétend se faire soigner alors qu’il n’a même pas la carte Vitale, le salaud ! Pauvre ou malade, il faut choisir. Quand on sera redevenu un pays riche transpirant la grandeur, on pourra tomber malade, c’est promis. mais là, on n’a plus les moyens. Va falloir ramener l’espérance de vie à la cinquantaine, autrement on est foutus.
7y678koÇa fait peur, hein ? Rassurez-vous ! Ça n’arrivera pas ! Les trusts pharmaceutiques n’aiment pas que les gens meurent, ça leur bouffe le bénef. Ils veulent des malades chroniques, sous traitement à long terme. Ils mettent au point des produits parfois inutiles, parfois dangereux, mais toujours remboursés. Par nous. Font de la pub, organisent des congrès de toubibs, lobbyisent à tout-va. Imposent leur loi. Et si on se débarrassait de ces affreux ? Si l’État avait, comme en Suède, le monopole de la distribution des médicaments ? Imaginons des officines où on ferait exécuter les ordonnances. Des espaces sans publicité, sans marques, sans chichis, aux murs couverts de tiroirs. Derrière le comptoir, un préparateur assemblerait la quantité exacte de comprimés nécessaire au traitement. La Sécu rembourserait les pilules, pas les boîtes, flacons, blisters, opercules et autres emballages sophistiqués qui polluent la planète et alourdissent l’addition.Les bazars à croix clignotante qui fourguent tout et n’importe quoi rejoindraient les très prospères parapharmacies, feraient du commerce. 
Les groupes pharmaceutiques qui grugent la Sécu, vampirisent la collectivité et exploitent las malades auraient mangé leur pain blanc.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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