Solidarité – Premier réveillon pour une famille de réfugiés irakiens en France

La Nouvelle République 31/12/2015
L’errance, comme tant d’autres réfugiés irakiens, mais enfin un « chez soi » confortable, des papiers et la volonté de refaire sa vie : trois mois après son arrivée en France, la famille Merkath s’apprête à fêter le Nouvel An sur les Champs-Elysées à Paris.

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Les réfugiés irakiens Ali et Tahrir avec leurs enfants Abdullah et Nabaa, dans leur chambre au centre d’acceuil à Cergy le 16 septembre 2015 – AFP/Archives JACQUES DEMARTHON
« C’était notre rêve de passer Noël et le Nouvel An en France ». Tharir et Ali Merkath savourent ce moment dans le quatre-pièces refait à neuf et tout équipé par la mairie de Courdimanche (Val-d’Oise) où ils vivent « depuis deux mois et dix jours » avec leurs deux enfants.
Le souvenir du bombardement de leur maison à Bagdad, qui les a poussés à l’exode cet été, s’éloigne un peu. Aujourd’hui, Ali, 33 ans, élégante chemise noire, ne parle que d’apprendre le français au plus vite, d’accepter « n’importe quel travail » pour faire vivre sa famille puis de reprendre son métier d’origine, attaché de presse et présentateur de télévision.
Il tient à montrer le sapin de Noël qui scintille dans un coin et à célébrer la France, « pays de la liberté », « où personne ne force ta femme à porter le voile ». Sa fierté? Son fils Abdullah, 5 ans, qui va à la maternelle dans le même immeuble et compte déjà, sans accent, jusqu’à 12.
Aujourd’hui, la famille vit du RSA. Un budget à surveiller, suffisant pour nourrir tout le monde, mais pas pour satisfaire les désirs de Nabaa, sa fille de 13 ans, qui « veut des vêtements comme ses copines » de collège, raconte, amusée, Tahrir.
La jeune femme de 35 ans, blessée dans le bombardement de sa maison, décrit aussi sa découverte des courses à l’hypermarché avec sa voisine, une chrétienne qui l’aide à trouver les produits hallal. Formée en Irak à la garde d’enfant, Tahrir espère pouvoir faire valoir ses diplômes en France, une fois apprise cette langue « difficile où on ne prononce pas tous les lettres écrites! »
Mais tout d’abord, le couple a enchaîné les formations prévues par le contrat d’intégration qu’ils ont signé avec l’État français: « vivre et accéder à l’emploi en France », « formation civique ». En janvier, ils commenceront les 260 heures de cours de français prévues par l’Opfra (Office français de protection des réfugiés et apatrides).
Depuis un mois, Ali a aussi passé le plus clair de son temps dans les démarches administratives, en particulier pour obtenir sa carte de résident. Banque, téléphone, travail : sans cette carte, tout est plus compliqué.
« Ca fait un mois que j’ai déposé tous les papiers », s’étonne-t-il devant le responsable local du Secours populaire qui les suit. Les délais administratifs sont bien trop longs pour un fils qui espère au plus vite être autorisé à voyager et à rendre visite à sa mère malade en Iran. Mais « ma situation est meilleure que celle de mes deux frères » qui sont en Allemagne, « on a obtenu des papiers et un logement plus vite ».
Il assure que bientôt il n’aura plus « besoin d’un interprète ». D’ici là, celle du Secours populaire lui fait encore répéter quelques mots, en prévision de leur virée nocturne sur les Champs-Elysées pour le réveillon. Tout sourire, Ali claironne: « bonne année et meilleurs voeux ».
Par Benjamin LEGENDRE© 2015 AFP

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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