L’Obs Le Plus 06/01/2016 Par Thierry de Cabarrus Chroniqueur politique
LE PLUS. Bernadette Chirac était invitée au JT de TF1 pour évoquer l’opération pièces jaunes. En fin d’interview, l’épouse de l’ancien président de la République n’a pas pu s’empêcher, une fois de plus, de tacler sur son mari dont l’état de santé inquiète les Français. Décryptage de notre chroniqueur Thierry de Cabarrus.
Bernadette Chirac était l’invitée de Gilles Bouleau au JT de TF1 mardi 5 janvier. (Capture d’écran)
Bernadette Chirac est ainsi faite qu’elle ne peut s’empêcher d’être odieuse avec son mari depuis qu’il n’a plus les moyens de se défendre.
Ainsi, hier soir, au JT de TF1, dans lequel elle était invitée pour évoquer, comme chaque année, les fameuses pièces jaunes, l’association caritative qui vient en aide aux enfants et aux ados malades, elle s’est montrée à la hauteur de sa réputation de personnage aigri, voire un peu acariâtre.
La neutralité d’un communiqué de presse…
Les pièces jaunes sont une louable activité qui, en principe, aurait dû générer de la compassion de la part de celle qui entend la promouvoir depuis tant d’années en faisant appel à la générosité publique.
Ce fut le cas durant les premières minutes de l’interview de Gilles Bouleau, après la diffusion d’un reportage sur une maison familiale hospitalière financée par la fondation. Jusqu’à ce que le journaliste, naturellement, en vienne à évoquer l’état de santé de Jacques Chirac.
L’ancien président, âgé de 83 ans et toujours apprécié des Français, avait en effet été hospitalisé le 9 décembre dernier à La Pitié-Salpêtrière à la suite d’un affaiblissement et n’avait pu rejoindre sa famille qu’à la veille de Noël.
Comment se portait l’homme qui, en 2005, avait subi un AVC et n’avait cessé depuis de décliner ?
À cette question, Bernadette Chirac a commencé par répondre sur un ton neutre d’attachée de presse, comme si elle récitait un communiqué rédigé par sa fille Claude : « Je peux dire aux Français que pour le moment, il n’y a pas lieu de s’inquiéter […] Il a en effet été hospitalisé, deux semaines à peu près pour des examens complémentaires », a-t-elle confirmé. « Il est dans un état plus fatigué [que d’habitude] et les spécialistes voulaient en savoir plus. Maintenant, il est rentré, nous avons fêté Noël ensemble, en famille, le jour de l’an également. »
… Jusqu’à la vacherie contre Chirac
En principe, le sujet était clos et le téléspectateur rassuré. Sauf que Bernie en a décidé autrement, et balancé du bout des lèvres une de ces vacheries dont elle a le secret et qu’elle réserve le plus souvent à son époux ou bien à l’entourage de ce dernier : Une petite phrase cinglante et lourde de sous-entendu, qui a pu échapper au public du JT de TF1 et qui en dit long, pourtant, sur l’incroyable volonté de revanche d’une femme, contrainte au silence durant tant d’années en raison de la fonction suprême occupée par son mari.
Vidéo
Derrière ces mots durs, il faut évidemment comprendre que la vie de l’épouse de Jacques Chirac n’a pas été un lit de roses et qu’elle a accumulé les difficultés et les frustrations dans l’ombre tandis que lui était dans la lumière et jouissait de la vie sans complexe et dans toutes ses dimensions.
Or, c’est démontré depuis longtemps, Bernadette s’est affranchie du devoir de réserve qui sied à une épouse de président de la République en exercice, et, au fil du temps, libère tout le fiel qu’elle a accumulé contre ce dernier depuis qu’il entre dans le grand âge.
Un florilège de phrases odieuses
Il suffit pour s’en convaincre d’aligner ici quelques-unes de ces petites phrases odieuses dont les cibles sont toujours les mêmes : son mari Jacques ou les amis de ce dernier.
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« La vieillesse, c’est un naufrage »
En septembre 2012, quelques mois après l’échec de la réélection de Nicolas Sarkozy, Bernadette réaffirme son soutien au vaincu, avec sans doute dans la tête l’idée que son mari Jacques ne l’a pas aidée en choisissant de soutenir François Hollande.
Alors, elle a la dent plutôt dure dans « Paris-Match » quand elle évoque les problèmes de santé de son mari et laisse entendre qu’il n’aurait plus forcément toute sa tête : « La vieillesse, le général de Gaulle l’avait dit, c’est un naufrage, et je continue de le penser. »
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« Vous n’êtes que le bruissement des ailes d’un insecte »
Durant l’été 2012, « Le Point » raconte que le couple Chirac, en vacances à Taroudant, au Maroc, déjeune dans un beau restaurant non loin du couple Badinter quand Bernie lâche à son mari : « Elisabeth et Robert Badinter ont mieux à faire ce soir que de dîner avec vous… Vous n’êtes que le bruissement des ailes d’un insecte. »
Plus grave, les proches de Jacques Chirac affirment que son épouse cherche à l’isoler. prenant plaisir par exemple à appeler Dominique de Villepin « Néron« ou à humilier François Pinault, le « meilleur ami » de Jacques en entrant au conseil d’administration de LVMH, chez Bernard Arnault, le concurrent de ce dernier.
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« Il est très très froid »