Les HLM parisiens (suite) commandés par une armée mexicaine

Le Canard Enchaîné – 10/02/2016 – Hervé Liffran –

La Mairie de la capitale et Paris Habitat se livrent à une drôle de partie de ping-pong après les révélations sur le parachute doré de 500 000 euros accordé à son directeur général, Stéphane Dambrine (« Le Parisien » 30/1, et « Le Canard », 3/2).  « Cette prime de départ n’est pas acceptable ! Paris Habitat aura l’ordre de ne pas payer ! Nous sommes prêts à aller au procès ! » s’énerve un collaborateur d’Anne Hidalgo. 

Mais les intéressés le prennent de haut. « La Mairie de Paris a validé le contrat de Stéphane Dambrine. Nous n’avons pas bougé un orteil sans son accord… » réplique d’un ton sec le président de Paris Habitat, le sénateur PS Roger Made, pourtant nommé à ce poste par Anne Hidalgo.

Et le petit jeu de la patate chaude continue. Un proche de ma maire s’empresse de la refiler à … Bertrand Delanoë, en confiant au « Canard » : « Le contrat a été signé sous la mandature précédente, nous ne le découvrons que maintenant. » Avant de se faire smatcher par un autre responsable de l’office, qui rappelle : « Les contrats des cinq plus hauts dirigeants ont été communiqués à l’adjoint aux finances d’Hidalgo en septembre 2014« .

Cette touchante scène de ménage illustre à merveille les dérives de Paris Habitat. Géré comme un État dans L’État, il s’est doté, au fil des ans, d’un état-major pléthorique comprenant pas moins de 25 « directeurs généraux adjoints » et « directeurs » tout court, payés plus de 9 000 euros par mois. Pour sa défense, la maison se borne à indiquer qu’elle envisage de supprimer quelques postes et souligne que d’autres sociétés de HLM versent des salaires encore plus copieux. Vite, des noms !

Certains cadres sup ne se contentent d’ailleurs pas de si peu. Récemment, la direction s’est aperçue que deux d’entre eux avaient piqué pour plus de 100 000 euros de matériel de bureau flambant neuf. Pour l’instant, aucune plainte n’a été déposée, Paris Habitat se bornant à « lancer un audit interne« . Payé 14 000 euros par mois, le boss Stéphane Dambrine aime également disposer d’un cabinet de ministre : le sien ne compte pas moins de 15 collaborateurs, dont 7 chargés de communication! Que peut bien faire là une troupe d’attachés de presse ? Les patrons de l’office jurent au « Canard » que les sept sont tous « très occupés » à assurer la communication interne et externe de la boutique et à gérer son Internet.

Sans compter le temps passé à tenter de faire oublier les dérapages de la maison…

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